Le repos des résistants
C'est en 1947 que Philippe Viannay (créateur du canard Défense de la France qui deviendra France Soir et du Centre de Formation des Journalistes) et sa femme Hélène créent un lieu de refuge sur l'archipel de Glénan. Cet ancien résistant pendant la Seconde Guerre mondiale est le créateur du mouvement de résistance et du journal du même nom, Défense de la France qui deviendra France Soir par la suite. L'objectif de l'association est d'accueillir dans un lieu reculé les anciens résistants. La voile n'est pas encore au centre des occupations des Glénans, puisque chacun aspire à retrouver une vie normale après ces 5 années de guerre. "L'idée était de proposer quelque chose à cette génération de trentenaire déboussolé par la guerre…", explique le service communication des Glénans.
Pour accueillir ces "réfugiés", la famille Boloré met à disposition l'île de Loc'h (dont elle est d'ailleurs toujours propriétaire), tandis que Viannay fait ses jouer ses relations dans l'armée pour équiper l'île.
La découverte de la voile
C'est pour se ravitailler et ramener les gens sur le continent que les habitants des Glénans utilisent des voiliers. À l'époque, la voile est un sport d'aristocrate et personne n'a encore de notion de plaisance populaire. C'est donc un "simple" moyen de locomotion pour communiquer avec la terre, situé à environ 1 h de Concarneau en vedette rapide…
C'est alors qu'Henri Desjoyeaux (père de Michel Desjoyeaux) rejoint Viannay (son ancien chef dans la résistance) sur l'archipel de Glénan. Ce spécialiste de la montagne, n'y connait pas grand-chose à la voile, mais deviendra pourtant l'un des premiers moniteurs de l'association, et ce jusqu'en 1952.
L'Essor de la plaisance
Si l'on pense devoir l'essor de la plaisance à Éric Tabarly (qui est d'ailleurs passé par les Glénans), c'est plutôt la corrélation de plusieurs facteurs qui a permis de démocratiser la voile. D'abord Tabarly, mais aussi les Glénans, qui ont permis de démocratiser la plaisance… Et aussi grâce au Vaurien, où à la Caravelle… Le premier est un dériveur en contreplaqué de 4,08 m dessiné par Jean-Jacques Herbulot, qui permet de naviguer facilement et pour pas trop cher. "Ces bateaux, on pouvait les acheter en kit et les construire soi-même… À l'époque, à titre de comparaison, ça coutait 7 000 francs contre 40 000 pour les voiliers qui naviguaient à ce moment-là… Ces bateaux ont vraiment permis de se former" raconte le service communication des Glénans.
Et 70 ans après, toujours d'actualité
Mais ce qui a permis aux Glénans d'exister, c'est avant tout Hélène, la femme de Philippe Viannay… Quand l'homme lançait des initiatives, la femme les mettait en œuvre pour développer l'école de voile. Le principe était (et est toujours) simple : prendre une adhésion auprès de l'association et se former à la voile sur l'un des sites mis à disposition. Parce qu'aujourd'hui, les Glénan, ce sont 5 sites répartis en Bretagne (3) et en Méditerranée (2). Des endroits toujours reculés, au cœur des plus beaux environnements naturels, dont plusieurs sont classés au Conservatoire du Littoral. "Prendre une adhésion aux Glénan, c'est devenir propriétaire du matériel comme de l'immatériel." C'est d'ailleurs pour ça que le bricolage et la réparation font partie intégrante de la formation dispensée.
Aux Glénans, les membres ont une responsabilité et la dimension écologique fait partie du programme pédagogique.