Quand tu t'es lancé qu'est-ce que tu espérais de la Mini ?
Une idée toute simple de base : tu traverses l'océan sur un bateau de 6,5 m. La première fois que tu entends ça, tu te dis que c'est un truc de dingue. Quand j'explique ce projet à des gens, tout de suite tu vois leurs yeux qui brillent, ils te disent "c'est génial" et juste après ils te disent que c'est "complètement fou, que tu ne peux pas faire ça !" Même les gens qui ne savent pas faire de bateau ont une idée de la taille de l'Atlantique par rapport à la taille du bateau. Donc il y a ce défi de se dire : à quoi ça ressemble de traverser l'Atlantique. Qu'est-ce qu'il va y avoir au bout. Aller toujours plus loin, passer les premières iles, perdre la terre derrière l'horizon et aller voir ce qu'il y a de l'autre côté.
J'ai déjà eu la chance de le faire sur des plus gros bateaux, IMOC et ultime, mais 20 jours en mer sur un mini tu entres dans une bulle. On cherche à se dépasser, c'est une idée qui me plait bien, d'aller tester mes limites et de voir jusqu'où je peux aller dans la gestion du sommeil, de la nourriture…
Est-ce que tu penses que ça va être comme tu l'imaginais ?
Je pense qu'on peut s'imaginer dix mille trucs, mais je suis certain que ce ne sera jamais comme prévu. Ça reste une putain d'aventure, même pour ceux qui ne sont là que pour la régate, tout peut basculer au moindre petit pépin, on est tout seul, il faut réparer tout seul, c'est un sacré délire.
Je n'avais jamais fait de croisières, jamais fait d'habitable, uniquement du dériveur et j'ai appris à faire du bateau. Je pourrai dire à la fin de la Mini que je suis un marin, mais pour moi je ne le suis pas encore. Je sais que j'ai énormément appris. Maintenant quand je monte sur un gros trimaran, je ne suis pas perdu, j'ai le même langage que ces marins et c'est vraiment chouette.
Comment a réagi ton entourage
Dans mon travail les gens ne comprenaient pas au début, mais ils ont compris que c'était un projet essentiel pour changer d'air. Mais mes amis ont tout de suite trouvé ça génial. Une partie des gens peuvent avoir peur, ma mère n'était pas très fan, mais tu te retrouves forcément soutenu parce que c'est une idée qui parle à tout le monde de traverser l'atlantique. On a tous des histoires, des récits d'aventure, de pirate, c'est un truc magique.
Quand on en parle à des gens, on sent qu'ils aimeraient pouvoir le faire, mais ils ne franchissent pas le pas. Parce qu'on a une vie, parce qu'on a un boulot et on ne se sent pas capable de franchir le cap.
Je suis content quand je partage des vidéos que ça motive des gens à passer le pas. Plein de gens sur le ponton passent me dire : "on a vu tes vidéos, ça donne envie de faire du bateau, ça nous encourage à le faire, on réalise que c'est possible."
Est-ce que c'est une satisfaction pour toi en tant que vidéaste ?
Ça me motive carrément. Je voudrais devenir réalisateur et quand tu deviens réalisateur, c'est souvent un autre réalisateur qui t'a inspiré. Quand on est artiste, on est forcément inspiré par d'autres personnes. Je fais souvent le parallèle avec le bateau. J'ai commencé la voile en voyant des bateaux de courses, en voyant des gars qui faisaient cette aventure et si mon histoire à moi peut inspirer d'autre personne j'en suis très content et très fier.
Et après la Mini ? Retour à une vie bien rangée ?
Je n'ai jamais eu une vie normale, j'ai toujours travaillé dans des trucs un peu différents de tout le monde. L'idée serait de réaliser un film sur la voile maintenant que je connais bien le milieu, je pense que j'aurai un regard juste et plus pointu. Mais je n'exclus pas de continuer de garder un pied sur l'eau en étant média man sur un bateau de course. Quand il y a des belles histoires à raconter, j'aime bien. Peut-être pas sur la Volvo, parce que je trouve ça un peu trop « compet' » et ça n'apporte pas grand-chose, mais des histoires comme Conrad (Colman) ou Yves le Blevec, ça me plait.
Un peu de stress sur ces dernières heures ?
Non plus de stress, juste l'envie d'y aller, d'aller naviguer !