La vocation du CCMM (Centre de Consultation Médicale et Maritime) est d'aider les professionnels de la mer (marine marchande et pêche) en cas d'accident ou de maladie à bord. Ça représente 85 % de notre activité contre 12 à 18 % pour la plaisance.
Le CCMM (ou TMAS : Tele Medical Assistance Service) a vu le jour à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, dans les années 50, mais c'était balbutiant.
En 1983, de manière réglementaire, dans la marine professionnelle, un texte de l'organisation maritime internationale précise qu'à chaque fois qu'un patient sur un navire est malade, il doit recevoir une consultation médicale. C'est donc l'avis du médecin qui déterminera l'envoi des secours.
Comment fonctionne le CCMM ?
En France, il y a donc 3 pôles pour le secours en mer :
- Le CCMM qui donne l'avis médical par téléphone
- Le CROSS, qui détermine le meilleur vecteur pour rejoindre ou ramener à terre le patient (SNSM, Marine nationale, moyens nautiques, aériens, moyens privés ou publics…)
Le SAMU de Coordination médicale maritime (SAMU côtier) met à disposition un médecin sur place sur ordre du CCMM lorsque ça s'avère indispensable. Après la prise en charge, il l'orientera le patient vers la bonne structure capable de le prendre en charge en fonction des pathologies.
Depuis 1983, l'organisation des secours en mer est placée sous l'autorité du préfet maritime de zone (Méditerranée, Atlantique ou Manche du Nord). En tant que médecin du CCMM, on peut donc travailler sous n'importe quelle autorité.
Le CCMM est le référent français sur tout le territoire, les DOM-TOM, mais aussi dans le monde. Dans le cadre de la marine professionnelle, n'importe quel navire français - ou dont le commandant est français - contactera le CCMM pour des raisons linguistiques. On répond donc à tous les navires français sur toutes les mers du globe et éventuellement à des navires étrangers sur toutes les eaux territoriales françaises, qui n'ont pas de référent national sur la santé en mer, comme c'est le cas pour des navires ukrainiens par exemple.
Au CCMM - qui est une unité fonctionnelle du SAMU de Toulouse — nous assurons une réponse 24 h/24 et 7/7. Nos médecins diagnostiquent les maladies, mais ce sont les médecins sur zone (SAMU côtier) qui se déplacent en cas de besoin. Au total, nous sommes 10 médecins urgentistes, qui ont une part de leur activité au CCMM et une autre part au SAMU de Toulouse et aux Urgences du CHU de Toulouse.
On travaille sur deux créneaux horaires, comme dans tous les hôpitaux :
- Heures ouvrables de 8 h à 18 h
- Heure de garde de 18 h à 8 h
En journée, un médecin est entièrement dédié au CCMM et 90 % de notre activité se déroule sur ce créneau horaire. Sur le créneau de garde, le service est assuré par un médecin régulateur du centre 15 (SAMU de Toulouse). De garde, 3 médecins font tourner le SAMU et parmi ces 3, un médecin appartient à l'équipe des 10 médecins urgentistes du CCMM pour assurer un service de qualité. Contrairement à la journée, il n'y a pas de médecin dédié puisqu'on ne reçoit généralement 2 appels par nuit.
L'objectif principal, contrairement au SAMU sur terre, est de diagnostiquer le problème par téléphone et de garder la personne à bord du bateau. On se considère plus comme des médecins généralistes ou urgentistes. On fait les prescriptions et on assure le suivi derrière. Dans 80 % des cas, il est possible de garder le patient à bord.
À qui s'adresse-t-il ?
Notre activité a d'abord été conçue pour répondre à la marine professionnelle et aux pêcheurs. Le capitaine ou commandant d'un navire est responsable de la santé et de la sécurité de ses équipiers. Il a donc l'obligation de contacter un médecin pour avoir un avis médical. L'objectif de cette consultation médicale est de pouvoir prendre le patient en charge à bord du navire sans avoir à le débarquer à l'escale.
Le Commandant du navire doit avoir une formation à l'aide médicale en mer, d'une centaine d'heures : secourisme, sémiologie médicale, stage en institut de soins infirmier pour apprendre les gestes à bord, stage hospitalier pour apprendre à appréhender un patient et mise en situation). Cette formation réglementaire est à revalider tous les 5 ans sous peine de perdre leur diplôme.
Ils sont également l'obligation d'avoir une dotation à bord (une liste de 12 pages de 80 à 100 médicaments et autant de matériel pour les examens complémentaires : immobilisation, électrocardiogramme, analyse d'urine, glycémie…) et de la gérer correctement.
On réalise en moyenne 4000 consultations par an au profit d'environ 1900 patients. En 2017, 82 % ont été soignés ou pris en charge, à bord, ce qui n'a donc eu aucun impact en termes d'activité pour le navire.
De base, 18 % des patients sont obligés de quitter le navire, car leur pathologie fait que les moyens à bord ne sont pas suffisants ou qu'ils ont besoin d'examens complémentaires ou de prises en charge plus lourde. On compte alors :
- 4 % de déroutement
- 5 % d'évacuations sanitaires (dans ce cas, on n'envoie pas de médecin sur place pour évacuer le patient, on parle d'ici d'une simple fracture par exemple).
- 9 % d'évacuations médicalisées (avec un médecin).
C'est sur ces 18 % d'interventions que nos partenaires qui sont les CROSS et les SAMU Maritimes sont impactés.