En janvier 2017, les Américains d'Oracle avaient proposé aux participants un accord pour que la coupe soit organisée tous les 2 ans (la prochaine en 2019), toujours aux Bermudes et sur les mêmes catamarans : les AC50.
Cela permettait aux équipes engagées d'avoir une vision future sur le devenir de la coupe et de pérenniser les investissements technologiques. Si la majorité des syndicats étaient d'accord et ont signé cette charte, un seul a refusé de signer. Et c'est justement celui qui a remporté la coupe cette année : Team New Zeland !
Tout remis en question
Sans doute que la coupe va à nouveau se disputer aux antipodes, mais quid du support ? Dès le lendemain de la victoire, des acteurs de la coupe sont intervenus pour revenir à une coupe plus proche de la voile.
Loïck Peyron : "Nous avons 4 hamsters, 1 pilote et un régleur d'aile"
Loïc Peyron, pourtant engagé dans l'équipe d'Artemis exprime sur son blog qu'il est dommage "qu'un navire qui va vite n'a pas besoin de voiles, et donc pas besoin non plus de marins." En plus, la demande en énergie de ces AC50 est telle que "sur les AC 50 qui s'affrontent aux Bermudes depuis un mois, nous avons 4 hamsters, 1 pilote et un régleur d'aile responsable de la "manette des gaz"… L'enchainement des virements de bords ou empannages étant limitées par la quantité d'huile sous pression, le barreur ne peut déclencher une manœuvre que si les voyants sont « verts » ou, quand les hamsters sont tout rouge ce qui revient presqu'au même !"
Sans toutefois critiquer l'avancée technologique des voiliers volants, Loïc Peyron rêve de revenir à une coupe de l'America en monocoque : "Un monocoque du futur, ultra léger et suffisamment instable pour n'avoir que les meilleurs (jeunes) barreurs issus entre autres des filières olympiques, suffisamment sécurisant pour continuer à voir des armateurs fiers et heureux de prendre la barre occasionnellement, suffisamment rapide pour en décoiffer plus d'un, suffisamment grands pour renouer avec l'élégance d'hier, suffisamment casse-gueule pour attirer le chaland de passage, suffisamment athlétiques pour n'embarquer que les meilleurs, et enfin juste assez lents pour encore voir une bonne quinzaine de marins avec des vraies "ficelles" dans les mains et de vrais voiles dans les yeux …."
Bruno Troublé : "Ça n'a aucune élégance"
Dans la même logique dans une interview à sport24, Bruno Troublé qui a accompagné à la barre les bateaux du Baron Bich et notamment France III en 1980 pense un peu la même chose : "Il faut revenir aux racines de la Coupe… Avec leur combinaison, leur casque et leur bouteille d'oxygène, les marins ressemblent à Robocop. Ça n'a aucune élégance. C'est quand même un problème pour les marques de luxe, habituels sponsors de la Coupe." Et lui aussi de penser au monocoque : "Les monocoques ont aussi fait d'énormes progrès ! Si on met autant d'énergie à concevoir des monocoques modernes et rapides que pour ces catamarans volants, on peut faire des choses extraordinaires. Il y a aussi des foils sur les monos. On ne marchera évidemment pas à 40 nœuds comme sur les AC50, mais on ne va pas se traîner non plus."
Franck Cammas : "J'espère qu'on ne reviendra pas en arrière"
Seul Franck Cammas, pourtant éliminé rapidement de la compétition avec Groupama Team France pense qu'il faut laisser la compétition dans le même format : "Les Néo-zélandais n'ont pas signé l'accord en janvier dernier que les autres challengers, le Defender et nous-mêmes avons validé. Nous nous étions mis d'accord sur une coupe en 2019 qui se courrait sur le même type de bateau. Aujourd'hui, ils ont toutes les cartes en main. Nous sommes soumis à l'attente. Ils vont être en négociation avec le Challenger of record, Luna Rossa, pour définir un type de bateau et un format de course. J'espère que nous n'irons pas à contre-courant de l'histoire et qu'on ne reviendra pas en arrière après avoir navigué avec des bateaux aussi exceptionnels que nos Class AC actuels. J'espère une intelligence générale des kiwis et de ceux qui ont les rennes en main !"
En 1988, les néozed avait déjà lancé un défi sur un monocoque extrème...
Alors quid de la prochaine coupe ? Suspendus aux choix de Team New Zeland, nous ne pouvons qu'attendre, mais il est vrai que la complexité de ces machines limite la compréhension de la régate. Pourquoi le barreur ne vire pas pour marquer son adversaire ? Problème de capacité hydraulique ? Problème technique ? Manque de lucidité ? Cette coupe nous laisse un petit gout amer…
Et vous, avez-vous aimé voir naviguer les AC50 ? Souhaitez-vous que la coupe revienne à un format plus "voile" ?
D'accord avec Loïck…