Nicolas Luven aura mis moins de 24 h pour boucler le parcours express de 150 mille (théoriques), de Concarneau à Concarneau, baptisé les 24 heures de Cornouaille. Arrivé ce vendredi 16 juin à 10 h 54 min 55 s, il aura mis 20 heures et 54 minutes et 55 secondes pour remporter cette 3e étape. Il s'offre ainsi deuxième victoire d'étape, après être monté sur la première marche du podium sur l'étape 1. Cette étape conforte globalement le classement général de la 48e édition, et creuse assez nettement certains écarts, nettement plus que ne l'avait fait la longue traversée de Gijon à Concarneau.
Nicolas Lunven était en avance sur le timing prévisionnel pour cause de vent soutenu toute la soirée. Et ce, malgré le vent incertain en fin de course, malgré les attaques répétées de Gildas Mahé (Agir contre la faim) et Adrien Hardy (Agir Recouvrement) qui complètent le podium, et malgré la fatigue accumulée des dix premiers jours de course. Toujours placé, il a pris les commandes de l'étape en fin de journée hier, à l'issue d'un joyeux bord de spi vers Sud Guérande où son option médiane entre belle-îles et la terre s'est révélé payante, et il ne l'a pas quitté.
"Pas mal de choses me réussissent. Je vais plutôt vite, je suis relativement bien inspiré, je me sens à l'aise sur le bateau, sur la navigation... Ça se passe comme dans un rêve ! Je ne sais pas ce qu'il se passe dans ma tête, mais si je regarde le début de saison, j'ai fait de belles choses. Peut-être qu'il y a un déclic, quelque chose d'inexplicable, qui restera inexpliqué. C'est possible que Jérémie (Beyou) et Yann (Eliès) accusent le coup après le Vendée Globe avec en plus une préparation moindre. Ce qui paie à bord de Generali, c'est beaucoup de travail. Je n'ai pas fait de pause entre 2016 et 2017, j'ai bossé comme un dingue, peut-être que ça a fini par payer."
Faisons les comptes : premier, troisième, premier, autant dire que le skipper de Generali ne laisse pas grand-chose à ses concurrents sur cette 48e Solitaire URGO Le Figaro. Plutôt sur la réserve à l'accoutumée, il se sent fort, libéré et le déclare bouteille de champagne en mains :
"Ça se passe plutôt comme dans un rêve cette Solitaire même si elle n'est pas finie. Il y a peut être eu un petit déclic en effet, quelque chose d'inexplicable et qui restera inexpliqué ! Faudrait me brancher des électrodes sur le cerveau pour voir ce qui se passe là haut !"
Adrien Hardy saluait la performance en débarquant au ponton et notait "qu'il faudra être parfait pour battre Nicolas sur la dernière étape". Second au général provisoire, le skipper d'Agir Recouvrement est désormais à 24 minutes du leader qui compte une heure d'avance sur le troisième Charlie Dalin (Skipper Macif 2015), 8e d'une étape qui ne lui a pas souri. Il est talonné au général par Sébastien Simon (Bretagne Crédit Mutuel Performance, à moins de 3 minutes…
On savait que l'étape serait rapide, mais pas forcément qu'elle génèrerait plus d'écarts que la précédente, longue de trois jours. En 21 heures de course, la flotte est restée très groupée jusqu'à la tombée de la nuit où les dix premiers se tenaient en un petit mille. Mais la remontée dans la baie de Quiberon et surtout le louvoyage devant Groix au lever du jour a eu raison de certains espoirs. Yann Eliès [Queguiner Leucémie Espoir] termine par exemple 18e à 38 minutes du leader, Benjamin Dutreux perd dix places en une heure sur la fin et Julien Pulvé [Team Vendée Formation] coupe la ligne en 27e position… Les bizuths, parlons-en justement !
C'est Tanguy Le Turquais [Nibelis] bien inspiré d'aller coller à la pointe de Trévignon sur la fin de parcours qui l'emporte et réalise la meilleure opération au classement. Il réduit très sensiblement son retard sur Julien Pulvé qui perd quatre places au général. Voilà ces deux brillants bizuths séparés désormais d'un gros quart d'heure. Autant dire que rien n'est fait d'ici Dieppe…
En tous cas, chacun va pouvoir refaire ses comptes et surtout emmagasiner le maximum de repos avec trois nuits consécutives à venir à Concarneau, ce qui n'est pas arrivé depuis Gijon. Ça tombe bien, car après le sprint, l'ultime étape qui part lundi vers Dieppe sera une course de fond ; au programme, peu de vent, du courant, et 525 milles pour maintenir le suspense jusqu'au bout.