Depuis 1998 que cela dure. Au moment de la création du kitesurf, la Fédération Française de Voile n'avait pas voulu de ce nouveau sport, pensant sans doute à un effet de mode… Mais vu le nombre de pratiquants et le potentiel de licenciés que cela représente, la FFV a voulu récupérer dans son giron cette manne potentielle. Seulement, la Fédération Française de Vol Libre qui avait œuvré pour développer ce sport ne l'entendait pas de cette oreille. D'où les nombreuses et interminables procédures depuis 2004.
Mais cette fois la FFV vient de gagner la partie. Le kite revient dans son giron. Comment s'y est-elle prise ? En s'appuyant sur une décision ministérielle. Rien que ça ! En effet, en adoptant cette organisation, la France s'était mise dans une situation de blocage. Pour être en conformité avec les fédérations internationales et pouvoir participer et organiser des compétitions, le kite devait revenir sous la FFV.
Cette décision du Ministère des Sports publiée le 11 janvier 2017 au journal officiel permet à la France de s'aligner avec les décisions internationales, et particulièrement celles du Comité International Olympique et de World Sailing qui considèrent le kite comme une discipline de la voile par ailleurs inscrite officiellement aux prochains Jeux Olympiques de la Jeunesse en 2018. D'où l'urgence de la situation… Sans cette décision, il n'était pas possible de présenter une équipe française à ces jeux.
Concernant le nombre de licenciés qui sont en jeu, la FFV nous a répondu que par de vagues estimations; indiquant qu'elle ne cherchait pas par cette opération à augmenter ce chiffre (NDLR - Or on sait que plus elle a de licencié, plus une fédération est puissante...). D'après la FFVL, ils seraient 13000 à être licenciés de kite. Mais cette pratique regroupe autant le kite nautique (celui qui nous intéresse) que le kite sur terre (dont celui en ski par exemple qui reste dans le giron de la FFVL). Et dans ce nombre de pratiquants nautiques, combien sont déjà licenciés Voile ? Ce ne sera donc que fin 2017 que l'on pourra relever les compteurs.
Pour le pratiquant, les choses ne devraient pas beaucoup changer. Il changera juste de fédération pour prendre sa licence et les futures compétitions seront désormais inscrites au calendrier de la FFV.
Ce changement n'est pas au gout de tous. La FFVL a publié immédiatement après l'annonce de la décision un communiqué laconique :
"Délégation kite
Nous venons d'apprendre que le ministère en charge des Sports nous retire la délégation du kite nautique (JORF du 11 janvier 2017 n° 9 – arrêté du 31 décembre 2016). Cet arrêté est pris
- au mépris des 13 000 licenciés du kite réunis aujourd'hui dans notre fédération, qui lui font confiance et dont certains pratiquent sur des surfaces différentes ;
- au mépris des sportifs et des champions qui représentent la France au niveau international en donnant sa notoriété à la discipline ;
- au mépris des bénévoles investis quotidiennement dans le développement du kitesurf ;
- au mépris de la cohérence des disciplines sportives qui ont noué des liens forts autour de cet élément commun qui est la traction par l'air ;
- au mépris d'une fédération qui s'est investie depuis 1998 tant financièrement qu'humainement pour développer et structurer cette discipline sportive et qui a toujours respecté ses obligations de fédération délégataire.
Cette décision casse la dynamique que la FFVL et tous ses bénévoles ont su créer pour développer et sécuriser cette pratique en mettant en place les formations qui ont permis aux débutants de découvrir cette pratique dans de bonnes conditions et à nos sportifs de haut niveau d'exceller à l'international dans les multiples formats de compétition.
Notre cap a toujours été déterminé par l'intérêt des pratiquants et l'ouverture sur des sports qui ont des points communs très forts entre eux.
Nous allons très prochainement réunir nos instances dirigeantes pour tirer toutes les conséquences de cette décision grave et incohérente avec celles antérieures, avec le code du Sport (article L131-22) et l'arbitrage de 2014 du Conseil d'État.
Nous aurons aussi l'occasion d'entendre la voix des licenciés lors des prochaines assemblées générales de nos ligues ainsi que lors de la convention kite des 13 et 14 janvier 2017.
Éclairée de ces différents avis et au-delà des mesures immédiates qui seront prises par le Comité directeur, notre assemblée générale du 25 mars 2017 décidera des orientations pour l'olympiade qui débute."