Les voiles embarquées sur les voiliers du Vendée Globe restent la dernière inconnue dans l'équation pour la victoire. Une inconnue qui restera secrète jusqu'à l'arrivée ! En effet, sur le Vendée Globe 2024, les skippers ont le droit - c'est le règlement - d'avoir à bord 8 voiles maximum. Dont un tourmentin obligatoire (voile de tempête). Si l'on considère que les voiliers ont tous une grand-voile et 3 focs, cela laisse le choix pour 2 voiles supplémentaires. Et ce choix peut faire la différence à l'arrivée.
Petit retour historique. En 2008, Michel Desjoyeaux sur Foncia avait embarqué un foc spécifique, "son arme secrète" qu'il avait utilisée dans le grand sud. Il s'agit d'une voile de portant capable de supporter de très gros coup de vent. Réalisé en Cuben Fiber, elle était presque indestructible. Michel l'avait utilisé dans le Sud pour éviter de déformer ses autres voiles et ainsi les préserver pour la remonter de l'Atlantique. Ce choix avait aussi été dicté pour éviter de changer trop souvent de voile en fonction des conditions. Moins de manœuvres donc moins de fatigue et moins de perte de temps (le bateau ralenti dans les manœuvres).
Sur l'édition 2012, Michel Desjoyeaux a coaché François Gabart et lui a conseillé de prendre cette même voile. Connue désormais sur les pontons, elle a pris le nom de code de MDTK (pour Michel Desjoyeaux Trinquette). Au départ, Armel Le Cléac'h sur Banque Populaire n'avait pas opté pour une voile de ce type. Durant les navigations dans les mers du Sud, il a dû manœuvrer plus et passer du J2 au J3 régulièrement tandis que François Gabart l'a rattrapé doucement sans avoir à manœuvrer. François a passé le Cap Horn quelques minutes devant lui et est arrivé aux Sables-d'Olonne en vainqueur avec 3 heures d'avance…
Mais ces très faibles écarts montrent que les choix de voiles ne sont pas aussi primordiaux que cela. Ils se font en fonction la manière de naviguer du skipper. Par exemple, Michel Desjoyeaux prône depuis toujours la "navigation en chaussons". C'est lui le premier qui a protégé son cockpit par une grande casquette, reprise aujourd'hui par tous les concurrents. Il préfère éviter le plus possible la plage avant d'où le choix de cette voile qui a un range d'utilisation très large (du vent moyen au vent fort).
L'arrivée des nouveaux bateaux équipés de foils modifie aussi le choix des voiles à embarquer. En effet, plus rapides aux allures portantes, ces voiliers se créent du vent apparent qui resserre l'angle de vent et les oblige à moins descendre au portant. Du coup, le spi est beaucoup moins utilisé au profit du gennaker, voile plus plate et plus adaptée aux allures plus serrées. Le spi n'est donc plus beaucoup utilisé, sauf par très petit temps. Certains skippers vont-ils oser ne pas en embarquer sur le Vendée Globe ? Le choix du type de voile peut se faire jusqu'au dernier moment avant le départ puisque les concurrents doivent fournir une liste à la direction de course au moment de quitter le quai. Les conditions météo sur le départ, petit temps par exemple, pourraient influencer certains dans ce choix.
Si un jeu de voile compte 8 voiles maximum, il est fort peu probable que certains n'en prennent que 7. En revanche, le choix de quelle voile embarquée au moment du départ est un choix laissé aux riches. En effet, seules les grosses écuries peuvent opter pour l'une ou pour l'autre dans la garde de robe du bateau. Les concurrents aux budgets plus serrés, qui ne peuvent même pas avoir un jeu de voile complet neuf au départ (comptez 250 000 euros pour un jeu de voile complet) n'auront pas ce choix à se poser. Déjà un problème de moins !