Au Grand Pavois 2016, nous avons découvert l'EOS 54, un catamaran de 16,45 m dessiné pour la croisière rapide. Lors de la visite, nous sommes tombé sur une singularité : ce catamaran n'est équipé que d'une seule dérive sabre dans sa coque tribord. Rien ne dépasse sur le pont de la coque bâbord. Interloqué, nous avons voulu en savoir plus et avons contacté l'architecte de ce modèle.
Christophe Barreau nous explique ce choix atypique :
"Dans son cahier des charges, le propriétaire de l'EOS 54 nous a demandé 6 cabines dont 5 doubles. Nous avons essayé de retourner les plans dans tous les sens sans réussir à loger toutes ces cabines tout en conservant 2 dérives. En effet, les puits de dérive sont assez encombrants et gênent les aménagements.
D'un autre côté, j'avais vu un catamaran de 40 pieds qui régatait avec une seule dérive. J'ai contacté le propriétaire de ce voilier pour avoir son ressenti. Il m'a dit n'avoir jamais été gêné par cette disposition. Nous l'avons donc adopté sur l'EOS 54 : la coque tribord avec une dérive sabre verticale et rien sous la coque bâbord.
La dérive au centre du flotteur
Sur L'EOS 54 nous avons choisi de mettre la dérive bien au centre du flotteur, quasiment dans son axe pour qu'elle sorte bien profondément. Ainsi on supprime la zone de turbulence à la surface comme on peut le voir sur les catamarans dont la dérive, collées au bordé, plonge juste au niveau de la flottaison.
Nous avons aussi choisi d'augmenter l'allongement pour offrir plus de portance à cette unique dérive. Elle est donc plus profonde que si nous avions 2 dérives.
Un convoyage au près qui valide le concept
Le convoyage vers le Grand Pavois, première navigation de Lorient à La Rochelle tout en louvoyage au près, a validé notre concept. Le bateau se comporte bien sans qu'un bord soit plus pénalisé que l'autre.
Sur un catamaran classique avec ses 2 dérives, je conseille plutôt de naviguer avec les 2 dérives descendues (plus ou moins basses suivant les conditions de mer) afin de répartir les contraintes sur les deux coques. Sur l'EOS, on naviguera avec une seule dérive descendue un peu plus profondément."