C'est à Portland, lieu de naissance des records en navigation, qu'est né le World Sailing Speed Record Council en 1972. Cette instance devait fournir une mesure juste et précise des vitesses obtenues en navigation. Et sa création est plus qu'étonnante puisqu'elle résulte de la réclamation d'une entreprise de peinture qui se vantait d'avoir réalisé la peinture du bateau le plus rapide du monde.
Cette dernière avait réalisé une peinture graphite (noir) spéciale pour le catamaran Class C Lady Helmsman (qui était certes très rapide). Et elle avait alors annoncé que le bateau avait réussi à atteindre la vitesse de 30 nœuds. Cette annonce avait tellement énervé Bernard Hayman, rédacteur en chef de Yachting World, qu'il avait exigé de savoir comment cette vitesse avait été mesurée. Une vitesse similaire revenait à naviguer à la même vitesse qu'une voiture (55,5 km/h) sur la promenade de Southend-On-Sea, en Angleterre.
Lady Helmsman
Ce fut ridicule à l'époque, mais le magazine décida alors proposer un nouvel événement entièrement consacré à la mesure de vitesse. Le Royal Yachting Association fut d'accord pour l'organiser et après une recherche approfondie, décréta que le port de Portland, en Angleterre, était le meilleur lieu compte tenu de sa géographie. La distance de navigation fut déterminée à 500 m.
Très vite, il fut prévu que le World Sailing Speed Record (Record de vitesse à la Voile) puisse être tenté de partout dans le monde. Le premier évènement eut lieu en 1972 et fut remporté par Crossbow – un catamaran asymétrique de 60 pieds – spécialement conçu et construit pour le propriétaire d'un journal, Timothy Colman. Il atteint la vitesse de 26,30 nœuds, mesurée par le chronomètre sur un parcours marqué par un cercle de bouées. Un temps record qui permit de contester le soi-disant "record" de Lady Helmsman.
Colman déteint le record pendant six ans, avant d'être détrôné par le second Crossbow, qui atteint finalement les 36 nœuds. Son rival le plus proche, l'hydrofoil Icarus, n'atteint la vitesse maximale que de 28,15 nœuds.
Augmenter toujours plus le record
Si le seul recordman restait un multicoque extrêmement couteux, l'enthousiasme aurait pu s'étioler. Mais il a été sauvé par deux choses :
- Un vif intérêt pour ce nouveau jeu dans d'autres pays, et notamment en France et en Hollande
- L'invention de la planche à voile (windsurf).
La planche à voile était peu couteuse, potentiellement rapide et facile à transporter sur le toit de sa voiture. Ainsi, en 1986, le français Pascal Maka stoppa l'ère de Crossbow avec une vitesse de 38,86 nœuds, qu'il réalisa non pas à Portland, mais à Sotavento en Espagne.
Crossbow
Plus tard, la "French-Tech" basée à Sainte-Marie-de-la-Mer réalisa des voiliers qui augmentèrent leur vitesse de façon spectaculaire, jusqu'à atteindre 50 nœuds en 2008 ! L'organisation avait changé depuis longtemps arrêté d'être un gestionnaire d'évènement pour devenir une autorité mondiale de ratification, fournissant des règles et surveillant tous les records possibles en navigation. Puis, finalement, ce fut au tour de la Namibie d'être choisie pour ses possibilités de records.
Par la suite, il y eut une période où le record du monde fut emmené par le haut, grâce à une bataille non-stop entre planches et bateaux. En Australie, les efforts sans relâche de Lindsay Cunningham et son équipe furent finalement récompensés lorsque l'innovation Macquarie atteint les 50 nœuds en 2009. En 2011, le voilier britannique Vestas Sailrocket 2 a été amené en Namibie pour une tentative de records. En France, la conception de l'Hydroptère a été récompensée par une augmentation du record avec 50,17 nœuds… L'année suivante, le kite-boarder Rob Douglas atteint les 55 nœuds en Namibie.