L'association Amis de Jeudi Dimanche a annoncé le décès de Michel Jaouen, plus connu sous le nom de père Jaouen, avec le message suivant "Le Père Michel JAOUEN vient de s'éteindre paisiblement aujourd'hui lundi 7 mars 2016. Nous étions à son chevet pour l'accompagner dans son dernier bord."
Michel Jaouen nait à Ouessant le 6 octobre 1920 d'un père médecin, il grandit dans le Finistère, dans le petit village de Kerlouan. À 19 ans, il entre au séminaire des Jésuites. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il tente de s'échapper vers l'Angleterre avec ses deux frères, mais échoue. Il s'enrôle alors dans la résistance sous le nom de Jean Le Cœur.
Ordonné prêtre en 1951, il crée l'AJD – Aumônerie de la Jeunesse Délinquante – devenu depuis l'association des Amis du jeudi dimanche depuis, dont le but est d'élargir l'horizon des jeunes sortant de prison, en les aidant à se réinsérer. Il devient ensuite aumônier à Fresnes et y officie pendant 13 ans. Voyant la mer comme un moyen de réinsertion, le père Jaouen installe une base à Landéda, dans le Finistère, sur la dune face à l'entrée de l'Aber-Wrach, en 1954.
Bel Espoir
À Paris, il construit le foyer des Épinettes pour accueillir ceux qui sortent de prison, et créer une unicité et un mélange des genres, en regroupant différentes typologies de personnes.
Il achète ensuite avec le père Alain Maucorps en 1968, le Bel-Espoir, une goélette à trois-mâts, à bord duquel il emmène naviguer les délinquants et toxicomanes, enrôle en équipage des appelés du Service militaire. Le but est de leur redonner goût à la vie en leur faisant ressentir cette liberté qu'offre la mer, mais à la fois cette discipline nécessaire à bord. Chacun est libre de venir à bord du bateau, toujours dans cette idée de cohésion de groupe. La flotte vient s'agrandir avec Rara-Avis en 1973. Dans le même temps, la base de Landéda sert aussi de chantier de réinsertion, en initiant les jeunes aux métiers de menuisier et de charpentier de marine.
Rara-Avis
Grâce à son programme de réinsertion situé dans le Finistère, 15 000 jeunes ont embarqué à bord de l'un des navires de la flotte : le Bel-Espoir I, le Bel Espoir II ou encore le Rara-Avis. Les destinations sont nombreuses : Cap-Vert, transatlantique, Antilles, Réunion… et à bord, chacun met la main à la pâte, après s'être affranchi des frais d'embarquement, qui sont les mêmes pour tous.