L'architecte Vincent Callebaut est un jeune architecte visionnaire qui s'illustre dans "l'Archibiotique". C'est une architecture biomimétique utilisant les énergies renouvelables de pointe associées aux technologies de l'information et de la communication (les TICS). Il présente ainsi la ferme sous-marine Aequorea, un gratte-océan imprimé en 3D à partir des déchets plastiques du 7e continent.
Aequorea est donc un village subaquatique imprimé en 3D à partir de l'algoplast, un matériau composite provenant d'un mélange d'algues et de déchets du 7e continent. Ces 27 millions de tonnes de plastiques ont été récupérés, recyclés, puis mélangés à une émulsion d'algues gélifiante. Cela crée des filaments écologiques, mis en bobines et utilisés par les imprimantes architecturales 3D pour réinventer la construction navale.
L'Aequorea à la forme d'une tour torsadée de 1000 m de profondeur, qui se bioconstruit par calcification naturelle (comme les coquillages), en fixant le carbonate de calcium contenu dans l'eau pour fabriquer leur squelette externe. Ses façades transparentes sont construites en aragonite, qui peut fixer annuellement 2500 tonnes de CO2 supplémentaires sur 1 Km2.
Chaque village accueille 20 000 aquanautes. L'accès se fait principalement en surface, par les quatre marinas recouvertes d'une mangrove, qui s'enracinent sur un dôme flottant de 500 mètres de diamètre. À l'intérieur, répartis sur chaque strate, on trouve des habitats modulaires, des plateaux de coworking, des fablabs, des recycleries, des laboratoires scientifiques, des hôtels pédagogiques, des terrains de sport, des fermes aquaponiques et lagunes de phytoépuration.
Sa torsade résiste à la pression hydrostatique et sa géométrie lui permet de lutter contre les tourbillons marins et ainsi de neutraliser le mal de mer. Sa double coque accueille les ballasts de lestage, qui une fois remplis d'eau de mer, baissent le centre de gravité d'Aequorea afin de lutter contre la poussée d'Archimède, en plus d'assurer sa stabilisation en cas de tempête ou de séisme. Enfin, sa double coque est de plus en plus épaisse de la surface vers le fond afin de compenser les efforts dus à l'accroissement de la pression sur elle.
S'inspirer de la nature pour la technologie
Mais la ville flottante est aussi l'occasion de créer de nouvelles technologies pour vivre avec et sous la mer. Comme un masque à branchies, qui capte l'eau pour en extraire les molécules d'oxygène, une combinaison micro-perlée comme la peau d'un dauphin ou encore des monopalmes en fibre de carbone inspirées par la queue des baleines.
Pour la lumière, les Mériens (nom donné aux habitants) utilisent la bioluminescence, dans le double vitrage des appartements grâce à des organismes symbiotiques contenant de la luciférine émettant de la lumière en s'oxydant. Sur le plancher, des champs d'hydroliennes transforment les courants marins en énergie électrique. Une centrale océanothermique, située dans la partie centrale complète le bouquet énergétique et utilise le différentiel entre eau chaude et froide pour créer de l'électricité.
L'eau potable et douce pour l'aquaculture est créée grâce un processus qui sépare le sel de l'eau. Le renouvellement de l'air se fait naturellement par convection à travers les cheminées à vent, soit par la station à oxygène par électrolyse de l'eau de mer.
Pour le chauffage, les Mériens utilisent des microalgues cultivées dans des murs aquariums qui absorbent le gaz carbonique rejeté par la respiration des habitants. Ces bioréacteurs d'algues vertes recyclent également tous les déchets organiques, solides ou liquides et produisent également de l'énergie.
Pour se déplacer, les véhicules sont des sous-marins ou des bateaux qui fonctionnent avec de l'algocarburant ou à des hydrocarbures produits à souhait sans émettre de gaz à effet de serre.
Utiliser intelligemment les ressources océaniques pour se nourrir
Les algues, le plancton et les mollusques constituent une partie de la nourriture. Sur les balcons, on trouve des récifs coralliens qui abritent la faune et la flore aquatique. Mais à la surface de la mer, les conques abritent des serres horticoles, des champs d'agricultures biologiques, des vergers et des potagers communautaires. Enfin, la pêche "raisonnée" complète l'alimentation.
S'inspirer des animaux pour se soigner
Les molécules des organismes vivants sont étudiées pour la médecine. Ainsi, la prolifération des cellules cancéreuses a été décryptée grâce à l'étoile de mer, la trithérapie (pour le sida) mise en place grâce au hareng et les pacemakers inspirés du fonctionnement du cœur des baleines à bosse.