L'heure est au bilan pour le Salon Nautique International de Paris, dont il n'a d'international que le nom… Alors que sur les pontons cannois, on entendait parler de nombreux étrangers, c'était beaucoup (beaucoup) moins le cas à Paris. Ouvert du 5 au 13 décembre 2015, le Nautic se tenait cette année dans un climat pesant, la faute aux attentats du 13 novembre dernier. Deux rendez-vous importants se télescopaient également avec la grande messe du nautisme : la COP 21 et les élections régionales.
Dès le départ, l'organisation du salon avait donc compté sur une baisse du visitorat. Côté exposants, seuls 7 s'étaient désistés, dont 6 étrangers. Mais, Reed Expositions n'a pas lésiné sur la sécurité pour rassurer le public : fouille des sacs, détecteurs de métaux, agents de sécurité présents partout dans les halls…
Et ce qui devait arriver arriva ! De nombreux espaces de hall inocupés, des allées beaucoup plus larges et beaucoup moins de bateaux exposés. Dans son communiqué, le Nautic annonce pourtant plus de 200 000 visiteurs, soit 30 000 de moins que l'année dernière… Sachant que ce dernier est organisé par la Fédération des Industries Nautiques, qui se doit de développer le nautisme, il est donc normal de communiquer sur des bons chiffres. Mais, les allées paraissaient bien vides, notamment chez les motoristes, et surtout à partir de 17 h… Dès la tombée de la nuit, les visiteurs mettaient les voiles. La faute au climat anxiogène ?
Alors pourquoi ce désamour du plus grand rendez-vous nautique parisien ? Oui la morosité ambiante y joue pour beaucoup, mais pas que.
Déjà, pour les exposants, le prix de l'emplacement est très élevé. Résultat, certains préfèrent investir dans des salons plus abordables, comme Dusseldorf, où les salons à flots de Cannes où La Rochelle. Qui dit moins d'exposants dit aussi moins de bateaux à visiter. Or les visiteurs veulent pouvoir découvrir de nouvelles unités et rêver… Si on nous propose moins de rêve et qu'ensuite on doit débourser 16 € pour pouvoir entrer au Nautic, ça refroidit un peu.
Dans le hall des bateaux à moteur, la fréquentation était moindre que pour la voile. En effet, en arrivant dans le hall 2.2 on trouvait une partie des bateaux à moteur et des semi-rigides. Mais pas d'indications pour préciser qu'il fallait se diriger vers le Hall 4 pour trouver le reste des motoristes. Une signalétique à revoir d'après certains exposants.
Chez les motoristes justement, Bénéteau et Jeanneau occupaient (un peu trop) le terrain. Toute l'allée centrale était réservée aux deux leaders du marché, ainsi qu'aux autres marques du groupe (Scarab, Glastron…).
Le village de la glisse par contre tient toujours ses promesses avec un grand bassin et de nombreuses animations. Mais aussi un nombre important d'exposants. Un petit bémol néanmoins à la "Pocket Surf", machine recréant une vague pour surfer. Vendue comme l'attraction du salon, elle était cachée dans le fond du Hall 4, réservé aux bateaux à moteur, et à l'opposé géographiquement du village de la glisse. Mais surtout, elle était petite. Il y a quelques années, le village de la glisse en accueillait une, où l'on tenait au moins à 3 surfeurs.
Pour autant, pour les professionnels, le Nautic reste un évènement incontournable et un lieu de nombreuses rencontres. Le salon nautique parisien reste l'endroit où les choses se disent, se dévoilent et les recontres se font.
Enfin, le point fort du Nautic reste son programme d'animations et de conférences. Tous les jours le planning était rempli avec au programme des présentations de courses, des remises de prix, des rencontres avec des grands marins, des conférences sur des problématiques actuelles… D'ailleurs cette année, la remise du Marin de l'année avait lieu sur la Scène du Nautic.
N'oublions pas non plus la grande réussite de la course de stand-up paddle, le Sup Nautic Crossing qui réunissait 500 participants. Les places s'étaient écoulées en 26 minutes. Un véritable record !
Au vu de ce bilan très mitigé, la question se pose de s'orienter ou non ves une organisation bisannuelle (tous les deux ans), comme on a pu souvent l'entendre auprès des exposants.
Crédits photos : Raoul Dobremel/AFP/Nautic 2015