Le 12 avril dernier, à La Réunion, un jeune adolescent de 13 ans, Elio Canestri, a été victime de l'attaque d'un requin. C'est déjà la 2e attaque mortelle en 2015 – une jeune baigneuse de 20 ans avait été attaquée par un requin-tigre en février dernier. Face au décès de ce membre du Pôle espoirs de surf de la Réunion, Jean-Luc Arassus, le président de la Fédération Française de Surf s'est rendu sur place. Aujourd'hui, la fédération demande la reprise de la pêche artisanale, des requins-tigres et bouledogues, qui menacent les baigneurs, les surfeurs, mais aussi l'économie de l'île. Cette espèce n'est ni protégée ni menacée et cause de gros dégâts.
À la Réunion, en 2015, 50 % des attaques mortelles de requins ont lieu sur 30 km de plages, sur la côte ouest, épargnée jusqu'à 2011. Depuis cette même année, l'île a déjà enregistré 16 attaques de requins, dont 7 mortelles (5 surfeurs et 2 baigneurs). Cinq de ses attaques ont été causées par le requin-bouledogue et deux par le requin-tigre, espèces non menacées et non protégées. Or ces attaques ont un réel effet néfaste sur la pratique du surf à La Réunion, où le nombre de licenciés est passé de 1600 en 2011 à 400 en 2015. Avant la série d'attaques, débutée en février 2011, La Réunion comptait 17 écoles de surf or, il n'en existe plus qu'une aujourd'hui qui donne des cours de stand-up paddle, dans le lagon de l'Hermitage. En dehors du surf, c'est l'activité économique de l'île qui est menacée par la "crise requin" : tourisme, restauration, hôtellerie, activités nautiques, plongée… En 2012, l'île a enregistré une baisse de 25 000 touristes, chiffre qui a continué à baisser en 2013 avec 5000 touristes de moins que l'année précédente. Les chiffres pour 2014 ne sont pas encore tombés, mais des estimations portent sur 10 à 18 % de moins qu'en 2013.
Les eaux réunionnaises infestées de requins
Le 13 mai 2013, une étude des scientifiques de La Réunion révèle qu'il y a "un déséquilibre, une densité anormale de requins, une agressivité, une côte ouest infestée, des spécimens de taille importante." Cette étude faisait déjà état d'un "déséquilibre de l'écosystème marin au large de la côte Ouest." Depuis plusieurs années, le nombre de requins-bouledogues s'est intensifié or, la vente de ce requin ainsi que du requin-tigre est interdite, car leur chair contient une toxine. Malgré l'interdiction, la population locale continue à en consommer, sans intoxication notable.
L'Institut de recherche pour le développement (IRD) continue de travailler sur un programme de recherche dédié aux requins et les moyens de sécurisation des lieux de baignade sont en développement. Actuellement, La Réunion est la seule île au monde où la baignade et le surf sont interdits en raison de "la présence anormalement élevée de requins particulièrement agressifs." La Fédération Française de Surf comprend cette interdiction et demande aux surfeurs et citoyens de la respecter, mais de réduire le temps de mise en place des systèmes de sécurisation : barrière, pêche…
Reprendre la pêche artisanale pour contrer l'invasion des requins nocifs
La Fédération Française de Surf souhaite aujourd'hui un retour à la normale à La Réunion et continue de se battre pour préserver le Pôle Espoir Surf de La Réunion. L'île représente d'ailleurs 50 % des effectifs des équipes de France de Surf. La solution que propose la FFS est une pêche régulière et ciblée pour reconquérir le territoire, abandonné aux requins depuis les 15 dernières années. Ayant reçu des menaces et des critiques, la FFS a tenu à rappeler "être solidaire de la protection de toutes les espèces menacées et qu'elle défend le monde marin et ses sites naturels." Les surfeurs de la Réunion sont également engagés dans la protection du requin de récif "dont le rôle environnemental est réel, comparé aux requins-bouledogues et aux tigres."
La Fédération rappelle également qu'il ne faut pas faire d'amalgame entre la volonté de reprise de la pêche artisanale à La Réunion et la pêche industrielle, qui tue chaque année, 20 000 tonnes de requins en France. "Elle ne cautionnera jamais le massacre de requins." La reprise de la pêche artisanale à La Réunion représenterait 1/1. 000.000 de la pêche artisanale dans le monde. "Au prétexte de la sauvegarde de certaines espèces de requins, qui ne sont pas rappelons-le protégées, La Réunion ne peut devenir un sanctuaire de requins-bouledogues, lesquels ont ruiné l'écosystème originel. Il en va de la vie de ses habitants, de ses enfants."
Pour information, le 5 mars dernier, un grand requin blanc de 3,50 m a été pêché et tué, car il menaçait la sécurité des surfeurs, présents sur la Gold Coast, en Australie, site du Quicksilver Pro et du Roxy Pro.
Les demandes de la Fédération Française de Surf
À son retour de La Réunion, le président de la FFS a rencontré des représentants de l'État ce lundi 20 avril. Voici les demandes faites par la FFF :
- Un effort de pêche ciblé par les experts;
- La reprise au plus vite du dispositif des vigies requins;
- L'installation au plus vite de barrières physiques sur les plages
- Déployer l'installation de filets qui doivent être installés d'ici septembre sur les plages de la commune de Saint-Paul. Ces filets, dits de "nouvelle génération", longs de 700 mètres, installés du fond à la surface de l'eau, et qui contrairement aux filets maillant australiens, n'ont pas de prise, ne capturent pas toutes sortes de poissons.
- Le filet proposé par monsieur Patrick Florès, élu de la Ville de St Paul, vienne en avion de Bretagne pour être assemblé à La Réunion et gagner deux mois de délais.