C'est dans l'Arsenal de Rochefort, sur les rives de la Charente, que l'entreprise Asselin a reconstruit l'Hermione, comme l'originale l'avait été en même place et lieu en 1778. "Nous y étions avant même qu'il y ait des bouts de bois. On a construit toute la coque, toute la mâture et pas mal de choses à l'intérieur" nous explique François Asselin. C'est une histoire longue de 17 ans que l'entreprise Asselin a noué avec l'Hermione, jusqu'à la sortie de la Frégate début septembre. "On y est depuis 1997, depuis 1996 en études et jusqu'à la veille du lancement sans discontinuer".
Reconstituer les plans pour réussir la copie
"La philosophie du projet était de faire une reconstruction la plus archéologique possible. Nous sommes partis des documents historiques que nous avions en notre possession. Aux archives de la Marine française, nous avons découvert un tableau de chiffres de Chevillard Aîné, le maître constructeur de l'Hermione. Ce tableau était une sorte de nomenclature de pièces avec tous les dimensionnements, en pieds, en pouce et en ligne. C'est grâce à ce document d'époque que l'on a pu faire le tracé au sol à l'échelle 1, l'épure, et toute la structure de l'Hermione. Ça a été le document incontournable qui nous a permis de démarrer. L'Hermione faisait partie d'un groupe de 4 frégates, qui ont été construites sur le même plan. Il y a eu la Concorde, la Fée, la Courageuse et puis l'Hermione. Les recherches se sont alors portées sur ces archives. Par chance, si l'on peut dire, la Concorde, avait été capturée au 18e en mer des Caraïbes par les Anglais. À l'époque, les Anglais nos ennemis, faisaient des relevés des bateaux capturés pour de l'espionnage industriel. Nos bateaux étaient plus rapides et ils cherchaient à comprendre quels étaient nos secrets de fabrication. Nous nous sommes alors adressés aux archives de la Royal Navy à Greenwich, et nous avons récupéré les copies des documents. Du coup, à partir des tableaux de chiffres français, et des plans du sistership, nous avons pu croiser les données pour être le plus proche d'une reconstitution historique."
"En parallèle, beaucoup d'autres documents comme des encyclopédies ont été retrouvés. Nous sommes également allés faire des relevés en Angleterre, dans un arsenal historique, à Portsmouth, mais aussi à Boston. Il y a eu énormément de travail fait en amont avec un comité historique, qui avait été constitué, pour faire en sorte que ce projet soit vraiment une reconstruction la plus identique possible à l'origine."