Un périple autour de la Méditerranée pour étudier la pollution
Durant sept mois, la goélette Tara va poursuivre le travail de l'association MED et partir à la rencontre des 250 milliards de particules de plastique qui peuplent la surface de la mer Méditerranée. Durant le mois de juin, elle fera escale dans plusieurs villes françaises : Emiez, Nice, Villefranche sur mer, Monaco et Antibes pour rejoindre Gala Gonone en Sardaigne le 5 juillet. Ensuite elle entamera un long parcours autour des différents pays bordant la Méditerranée : Albanie, Grèce, Liban, Israël, Malte, Tunisie, Algérie, Espagne, Maroc et Portugal. Son périple s'achèvera le 7 décembre à Lorient.
Etudier les éléments plastiques polluant pour évaluer leur impact sur les écosystèmes marin
La mer Méditerranée est l'une des plus polluées, en cause, les 450 millions de personnes peuplant le bassin méditerranéen, le trafic maritime qui représente 30 % du trafic mondial mais aussi le fait qu'elle soit "fermée". Tara va donc évaluer la présence des micros particules de plastiques et étudier leur impact sur les écosystèmes marins. Des prélèvements, de plastique et de plancton, seront effectués de Gibraltar à Beyrouth à l'aide d'un filet Manta, près des côtes mais également au large. Un plastique jeté en mer se désagrège en de multiples éléments flottants à base de polystyrène, polyéthylène, nylon, polyuréthane… qui contiennent de nombreux polluants. Gaby Gorsky, Directeur scientifique de Tara Méditerranée et de l'Observatoire océanologique de Villefranche-sur-Mer explique que les plastiques sont « des éponges aux polluants organiques persistants : PCB, dioxines ou des perturbateurs endocriniens ».
En plus d'absorber les divers polluants, les plastiques sont colonisés par des micro-organismes (bactéries, algues, champignons et protozoaires) et les polluants organiques persistants (POP) peuvent être ingérés par ces micro-organismes, leur faisant croire qu'ils entrent dans la chaîne alimentaire. Par ailleurs, les fragments peuvent être poussés jusqu'aux plages et amener des espèces exogènes ou invasives qui bouleverseraient l'écosystème.
Etudier les différentes formes de plastique et les micro-organismes
Tara va permettre d'étudier la répartition spatiale des fragments de plastiques flottants de 0,3 mm à 5 cm. L'eau sera également filtrée pour récupérer les plus petits morceaux. 150 stations de prélèvements interviendront jour et nuit et effectueront 3 à 5 prélèvements de jour et 1 à 2 de nuit. Gaby Gorsky explique « On compte à peu près 150 stations, mais à peu près 400 à 500 échantillons ».
Cette expédition permettra d'étudier les composants du plastique ainsi que les polluants organiques persistants qu'ils contiennent. Les micro-organismes colonisateurs seront également passés à la loupe. Enfin, la structure des écosystèmes du plancton, en contact avec le plastique sera également décryptée.
Sensibiliser les populations du bassin méditerranéen
Lors des escales, l'équipage mènera des actions de sensibilisation des populations en expliquant les méfaits de la pollution, en menant des campagnes de recyclage et en mettant en avant l'économie circulaire et l'éco-conception. La gestion intégrée des bassins versants par le nettoyage des rivières et des canaux sera expliquée et l'interdiction du sac plastique à usage unique promu.