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Les semi-rigides constituent une part de plus en plus importante de la flotte des bateaux de plaisance. Entretien, choix des tissus de flotteurs, stockage... Les plaisanciers, qu'ils soient néophytes ou expérimentés, ne manquent pas de questions à leur sujet. Nous les avons posées à Simon Marette, fondateur de North Boat et spécialiste du semi-rigide.
Quel tissu choisir pour mon semi-rigide ? PVC ou hypalon ?
Tout dépend de l'utilisation. L'hypalon est forcément plus cher et de meilleure qualité. Tout dépend aussi du stockage. Un bateau sorti de l'eau après chaque utilisation, et stocké au sec, pourra facilement être en PVC et répondre aux besoins de son propriétaire pendant longtemps. Si le bateau est au ponton, privilégiez plutôt de l'hypalon.
Tout dépend donc de l'usage et du stockage. La durée de vie sera divisée par deux pour du PVC si le bateau reste non protégé plutôt que stocké au sec.
Dois-je rincer mes flotteurs après chaque sortie en mer ?
Oui, pour éliminer le maximum de sel, comme pour tout bateau et équipement, ou la remorque. Il faut rincer son bateau systématiquement, car le sel reste et vient se déposer sur les flotteurs, les parties mécaniques... C'est agressif avec le temps.
Puis-je laisser mon semi-rigide dans l'eau à l'année sans risque pour mes flotteurs ?
Pour un semi-rigide, ce n'est pas forcément le mieux. Le sel, les hydrocarbures, les fientes d'oiseaux vont, au bout d'un moment, attaquer le tissu et être néfastes. Le tissu n'aime pas l'acidité. Idéalement, si on souhaite conserver son semi-rigide à l'eau, on privilégie des pontons flottants pour éviter que les flotteurs restent en permanence dans l'eau. Par exemple, un semi-rigide en PVC qui reste à l'eau à l'année risque d'avoir un tissu qui casse beaucoup plus rapidement. On peut appliquer un antifouling sur les flotteurs en PVC, mais c'est assez agressif. Il y a du solvant, et le PVC ne va pas le supporter des années. Laisser un semi-rigide en PVC dans l'eau à l'année réduit ses années de vie.
Comment entretenir ses flotteurs ?
Il est nécessaire d'avoir un entretien courant préventif et de maintenir son flotteur propre. Quand on hiverne son bateau, on le lave de fond en comble, on l'aère, on le sèche... Pour la remise à l'eau, il existe des cires intéressantes contre les agressions du sel, des crèmes solaires. Ce sont des produits concluants.
Attention toutefois. Le mieux est l'ennemi du bien. Si le flotteur n'est pas sale, il n'y a pas de raisons d'utiliser des produits agressifs. Il ne faut pas les utiliser à chaque sortie. Ils vont accélérer le vieillissement du flotteur. Il faut adapter et utiliser des produits plus ou moins agressifs en fonction de la saleté.
Il faut aussi faire la différence entre les personnes qui utilisent leur bateau au quotidien ou une fois par an.
Il faut également vérifier la pression des flotteurs. Un flotteur complètement dégonflé va tirer sur les collages en permanence. Or, ils doivent maintenir les flotteurs en forme. Les collages ne sont pas prévus pour tenir un flotteur dégonflé sur une coque.
Doit-on changer ses flotteurs régulièrement ?
Il faut d'abord faire la différence entre le PVC et l'hypalon. Le composite peut avoir une durée de vie de 30 à 40 ans. Un boudin de semi-rigide a une durée de vie comprise entre 10 et 20 ans en moyenne. C'est un tissu fin, plus fragile que de la fibre. Qu'il soit en PVC ou en hypalon, les UV, les hydrocarbures, le sel vont attaquer le tissu comme c'est le cas pour les voiles ou la sellerie.
Tous les combien de temps dois-je vérifier la pression et comment procéder ?
En saison, dès qu'il y a de gros changements de température. On vérifie avec un manomètre ou plus simplement avec des gonfleurs qui s'arrêtent à la pression souhaitée. Le moins cher, c'est un gonfleur électrique de paddle. Les plus pratiques et efficaces sont des produits dédiés que l'on peut avoir chez n'importe quel accastilleur.
A l'usage, on ressent beaucoup mieux les choses sur la pression d'un bateau. Il faut gonfler son bateau à la pression minimum. L'été, quand le bateau est en stockage, la pression doit être baissée à 150 millibars pour encaisser les chutes et les hausses de pression. Pour le gonfleur il faut savoir que 250 mbar correspond à 3,6 PSI. Les paddles sont gonflés en général à minimum 1000 mbar soit 1 bar, soit 15 PSI, donc les plus petits pourront largement gonfler un semi-rigide.
Puis-je crever mon boudin avec un hameçon de canne à pêche ?
Oui, très facilement, même si l'hypalon va être plus solide à la perforation parce que la trame du tissu est plus solide et fine. Avec la démocratisation du semi-rigide, de plus en plus de pêcheurs en font leur embarcation de pêche. Il y a beaucoup plus de soucis de crevaisons liées à la pêche. Mais il n'y a pas que l'hameçon. Il faut aussi faire attention aux poissons et leurs barbillons comme les épines de bars ou de daurades. Pour se prémunir des poissons qui ont des épines bien pointues, il faut utiliser l'épuisette systématiquement pour sortir son poisson de l'eau. On va pouvoir maîtriser où on le dépose. Et c'est la même chose pour la remise à l'eau. Un gros bar stressé peut envoyer une épine dans le flotteur.
Y a-t-il des couleurs de tissu à privilégier ?
La couleur a un impact sur la chaleur du flotteur. Un flotteur clair va moins prendre la température qu'un flotteur foncé. Un peu comme une voiture. Elle va soit capter la chaleur ou la refléter. Le meilleur compromis, c'est le gris. Il est moins salissant et capte moins la température.
Si le tissu en PVC, qui est du plastique teinté, capte trop la chaleur, le tissu va monter plus en température, et donc avoir tendance à capter plus les UV. En hypalon, la couleur peut aussi jouer sur la performance du tissu.
Dans tous les cas, les couleurs claires sont plus salissantes. Attention également à tout ce qui est crème solaire, sang de poisson, fiente d'oiseaux, qui sont des tâches difficiles à enlever ou à entretenir.
Puis-je marcher avec n'importe quelle chaussure sur mes flotteurs ?
Le tissu des flotteurs fait généralement à peine 2 mm d'épaisseur en moyenne. On n'est pas sur du gelcoat rigide, mais sur un matériau souple. Certaines semelles peuvent capter des cailloux et les semelles noires peuvent laisser des traces. Il faut donc adapter ses chaussures, comme sur n'importe quel bateau.
Est-ce qu'un semi-rigide est adapté à un mouillage à échouage ?
C'est possible, mais ça va venir créer du frottement sur le flotteur. Avec le temps, ce frottement aura un impact sur le tissu. Il ne faut donc pas lui faire subir ça sur du long terme, pour éviter l'usure accélérée du flotteur. Il est préférable de laisser le bateau au port et à l'abri du vent.