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Mis à l'eau le 19 juin à Port-la-Forêt, le nouvel iMOCA d'Eric Bellion, baptisé Stand as One, est le premier voilier de la classe signé par David Raison, et le premier à dérive droite depuis Macif en 2012. Son skipper nous explique sa démarche et le parcours qui l'a mené à ce lancement.
Comment as-tu vécu cette première expérience de mener la construction d'un bateau neuf ?
Comme pour beaucoup de choses dans la vie, si je l'avais su, je me serai peut-être posé la question plus longtemps avant de me lancer ! On comprend pourquoi les grosses écuries ont de grosses équipes de design. C'était complexe. Pour autant, j'ai adoré cela. C'est un accomplissement extraordinaire et je suis content de démontrer que c'est possible avec une petite équipe. Au départ, nous étions 4, Marie, Jean et Anne Le Cam, et moi. J'ai adoré faire ce cocktail à la Tom Cruise avec le meilleur architecte, David, qui avait faim et envie de dessiner un IMOCA, Jean et son expertise technique, notamment dans les 60 pieds et Persico qui est un grand chantier.
Quel était le cahier des charges en allant rencontrer David Raison ?
Il tenait en 3 mots : simplicité, légèreté et élégance. Hubert était déjà le bateau le plus léger et rapide et nous a servi de bateau zéro. On voulait bodybuilder Hubert, qui date de 2006. Les choses avaient peu évolué sur les dérives droites depuis Macif en 2012 en IMOCA, alors que pendant ce temps, les Class 40 ont affolé les compteurs, en restant en verre et avec un mât et une quille fixes. On ne pouvait pas ne pas voir ça.
Comment se traduisent concrètement ces 3 mots du cahier des charges ?
Tout est optimisé, ce qui est la magie de Jean. Il n'y a rien d'extrême dans ce bateau. Pour la simplicité, on utilise des solutions éprouvées : les casques de safrans sont des systèmes qui ont déjà fait plusieurs tours du monde, le pont est droit. Il n'y a pas de marqueterie de carbone. On est sobre dans la construction, ce qui permet aussi d'être moins cher.
En électronique, on reste basique, tout en prenant du bon matériel. Pas de grand écran. On devrait consommer 6Ah, là où les foilers actuels tournent autour de 12 Ah. Il n'y a aucun capteur fibre optique.On n'est pas au RM Max de la jauge et donc on n'a pas de craintes sur la résistance du mât dessiné avant les foils.
Quand on choisit des voiles North Sails, c'est aussi parce qu'elles sont éprouvées.
Le cerveau va naturellement vers la complexité et rester simple, c'est compliqué !
Pour la légèreté, rien qu'en enlevant les foils et la structure qui va avec, on gagne du poids. On devrait être proche du poids de Hubert, alors que le fond de coque est en monolithique, pour durer dans le temps. Le but est que le bateau fasse plusieurs Vendée Globe.
Comme les dérives n'existent plus dans la novlangue de l'IMOCA, mais des foils droits, on doit garder une partie dans l'eau donc il restera un peu de dérive sous l'eau.
Quels sont les objectifs de performance et le programme de navigation ?
On souhaite se battre avec les meilleurs, c'est-à-dire les foilers et pas uniquement les bateaux à dérives. Pour cela, le pire aurait été de copier avec moins de temps et moins de moyens. En me demandant quel outil je pouvais m'offrir pour performer sur le Vendée Globe, il était clair que ce n'était pas un foiler. Il n'y a pas de guerre de chapelle. J'aime le foil et j'en fais en Kite, mais je n'avais pas envie de m'enfermer pour faire le tour du monde et subir ce qu'ils subissent. Accorder sobriété et performance, je trouve cela assez excitant à raconter.
Le bateau est facile à adapter pour 4 personnes, donc The Ocean Race est au programme et je suis convaincu qu'il y a des choses à faire, à commencer sur The Ocean Race Europe, qui avait été gagné par un bateau à dérives la dernière fois. Nous allons commencer par le Fastnet. En parallèle, le projet d'écurie avec d'autres bateaux pour le Vendée Globe 2028 se poursuit. Maintenant, il faut naviguer pour valider tout ce que l'on dit !