C'est en 2020 que Ludovic a eu l'idée de proposer à des propriétaires de terre-neuve de former leur chien au sauvetage en mer. Ce Marseillais de 57 ans veut profiter de ses deux passions, la plaisance (il est propriétaire d'une vedette de 6 mètres qui reste au port de l'Estaque) et les chiens, plus particulièrement les Terre-Neuve.
C'est ainsi que l'idée des Oursons d'O a germé. "Le terre-neuve représente un chien qui possède deux particularités remarquables dans le milieu aquatique. D'une part, il possède les pattes palmées aux quatre membres, d'autre part, il sait nager avec ses quatre membres" nous explique Ludovic. Et ces aptitudes confèrent au Terre-Neuve des capacités singulières "Au cours d'un entraînement, deux chiens ont suffit à déplacer une petite vedette de la SNSM, sans trop de difficulté".
De là, donc, à imaginer que les terre-neuve demeureraient d'excellents partenaires, sécurisants à bord, il n'y a qu'un pas, que le Marseillais a franchi. C'est ce que proposent les Oursons d'O à ses adhérents. Les accompagner, avec leurs animaux, dans l'apprentissage à la traction et au sauvetage. Le terre-neuve n'est plus juste un animal de compagnie, il acquiert une part active et utile dans l'équipage.
Vers une professionnalisation de l'entraînement des animaux
Ludovic pense au futur : "Pour le moment, l'association vise un public amateur et passionné de propriétaires qui voudraient aller un petit peu plus loin avec leur animal. D'autant qu'un terre-neuve a besoin de bouger, se dépenser et s'exprimer. À terme, il est envisageable de proposer des entraînements à des professionnels ou à des structures de sauvetage en mer. Pour le moment, c'est chaque dimanche matin que nous nous retrouvons, pour entraîner nos chiens."
Passer du statut d'accessoire à celui de sauveteur
En France, la plupart des plages excluent la présence de chiens. Il en va de même, donc, pour les chiens de sauvetage, dont le statut est inexistant. "En Italie, les chiens sont intégrés dans la chaîne du sauvetage en mer et il n'est pas rare qu'un nageur sauveteur sur la plage soit accompagné par un terre-neuve. Il sera, alors, un partenaire de sauvetage au même titre qu'un autre secouriste" nous explique le responsable de l'association. C'est du reste aussi un objectif de l'association que d'obtenir la reconnaissance des services de ces canidés dans le secours en mer. Chose surprenante, les autres structures de secours (pompiers, gendarmerie ou encore protection civile) utilisent et reconnaissent de longue date les chiens dans leurs effectifs.
Une adhésion pour bénéficier de l'ensemble des accompagnements
L'adhésion à l'association que préside Ludovic coûte 80 € à l'année, pour prendre part à l'ensemble des activités, depuis les conseils jusqu'aux formations des animaux. Les frais d'assurance et de fonctionnement sont inclus à cette cotisation.
Les sorties se font chaque dimanche, à Châteauneuf-les-Martigues. Au programme, tractage de noyés, survie ou, encore, accompagnement d'enfants polyhandicapés. L'animal devient un partenaire de vie de l'enfant qui peut aller dans l'eau et en ressortir en étant tracté par le terre-neuve, depuis un tiralo. "C'est une expérience en autonomie totale, dans laquelle l'enfant habituellement encadré perd momentanément sa spécificité de dépendant d'un autre humain" nous explique Ludovic.
Besoin de matériel pour développer les apprentissages
Pour pouvoir former mieux et plus les animaux à ces accompagnements et à ces actions, l'association a besoin de matériel. La bonne nouvelle est que le matériel nécessaire n'a pas besoin d'être neuf ou en excellent état. En premier lieu, c'est de radeaux de survie, de gilets de sauvetage et autres appareils flottants dont a besoin la structure, pour que les animaux s'habituent à ces équipements et les utilisent.
Pour le moment, le magasin Accastillage Diffusion de Martigues a fait don de matériel. Le besoin va rapidement évoluer vers une annexe de grande taille, qui permettra d'accompagner les animaux plus au large et de les entraîner à remonter à bord d'un bateau, intervenir sur une chute à la mer ou encore, à tracter d'autres formes d'embarcations, des situations auxquelles ils pourront être, un jour ou l'autre, confrontés en mer.