Malgré sa petite trentaine, Maël Derrien possède déjà une belle expérience et plusieurs cordes à son arc. Au début de son parcours professionnel, il n'a pas hésité à quitter sa Bretagne natale pour acquérir de nouvelles compétences, puis à revenir dans sa région d'origine en 2015 en intégrant l'équipe pédagogique de l'INB (Institut Nautique de Bretagne). Son rôle : former les stagiaires en mécanique bateau plus particulièrement sur la propulsion dans son ensemble et aussi trouver des partenaires, aider les stagiaires dans leurs orientations professionnelles et parfois les accompagner sur le plan humain.
Depuis 1965, l'INB forme aux métiers de l'industrie et services nautiques. Créé et géré par des professionnels du secteur, ce centre de formation s'adresse aux jeunes qui poursuivent leurs études, aux adultes en reconversion professionnelle, et aux entreprises qui ont besoin de développer les compétences de leurs collaborateurs. L'INB est basé à Concarneau et possède deux autres sites : Port-la-Forêt et Villefranche-sur-Mer à proximité de Nice.
Quelle formation, quel diplôme, quelles compétences pour tenir le poste ?
Un important bagage technique en mécanique nautique conjugué à l'apprentissage de l'autonomie
La découverte de la mécanique marine, Maël commence toute jeune grâce un papa plaisancier bricoleur. Attiré par les mécaniques poussées, il oriente sa scolarité vers la moto réputée pour sa conception sportive. BEP Cycles & Motocycles en poche, il se rend vite compte que les interventions mécaniques se limitent à de la maintenance simple et prend la décision de revoir son orientation pour se tourner vers le nautisme "qui ne me passionnait pas vraiment" précise le jeune homme toujours fasciné par la performance.
"Sans vraiment être convaincu, j'ai fait un BEP/BAC Professionnel Maintenance Nautique au lycée Saint Gabriel à Pont-L'Abbé, les études se sont globalement bien passées", Maël reste sur sa faim et décide d'approfondir ses connaissances nautiques par une mention complémentaire au lycée Émile James à Etel tenu par le dévoué Patrick Lebourhis qui assurera la formation d'un bon nombre d'élèves.
"C'est à ce moment-là que j'ai compris la mécanique marine et exploité mes acquis." Ce fut une sorte de révélation, Maël choisit alors de se spécialiser en moteurs hors-bord et le diagnostic de pannes.
"Évidemment sans ma formation technique sanctionnée par un BEP, un Bac Pro et une mention complémentaire, je n'aurais pas pu accéder à mon poste actuel, car c'est la base nécessaire pour transmettre" insiste notre formateur.
Maël débute sa vie professionnelle en 2008 sur la côte varoise à Hyères et apprend rapidement l'autonomie, l'équipe technique était réduite à deux personnes, à gérer la relation avec la clientèle, le propriétaire du bateau étant souvent présent lors des interventions au contraire de l'automobile ou de la moto. "On peut dire que l'on rentre dans l'intimité du client, ce n'est pas à l'école que nous apprenons", précise Maël.
"En plus de la relation avec la clientèle, étant seul j'ai de fait tenu le poste de chef d'atelier, appris à m'organiser, géré les devis, les rendez-vous pour les mises à l'eau. Le tout pour une grosse centaine de clients. Auxquels vient se rajouter un rôle de conseil pour améliorer ou utiliser leurs embarcations et, bien évidemment, remettre la facturation.
Pendant cette première expérience, j'ai réellement beaucoup appris bien au-delà de la mécanique : composites, mécanique, calage, manutention de bateaux…
La partie technique étant très pointue, n'ayant pas "d'ancien" à mes côtés pour expliquer comment faire, il a fallu se creuser la tête pour savoir comment ça fonctionnait. Souvent le weekend, je consultais les documentations techniques pour me familiariser avec les technologies.
Après cette expérience, je me rapproche de la Bretagne et m'installe à La Baule, période où j'ai dû apprendre à garder mon calme et voir ce qu'il ne fallait pas faire dans le nautisme. Employé comme chef d'atelier la société était en difficulté. Je coupe court à l'expérience."
Maël trouve rapidement un poste de technicien à proximité de La Baule, plus orienté dans le composite et en électricité, tout en continuant à entretenir et réviser quelques moteurs.
"Grâce à la bienveillance de Patrick Le Bourhis, Suzuki France m'a contacté pour le poste d'inspecteur technique moteur hors-bord pour la zone sud, Corse et lacs alpins.
Cette expérience chez Suzuki m'a permis d'aborder le contact client professionnel, l'aspect technico-commercial, l'exigence de ces postes plutôt très pointus, c'est-à-dire faire des diagnostics sans voir le moteur, ce que j'ai vécu au départ comme une frustration m'a permis de développer une méthodologie de diagnostic plus aboutie. De découvrir comment est structuré un réseau de distribution et d'avoir une vision plus globale de la variété des distributeurs pour s'adapter à leur mode de fonctionnement. Le fait aussi de ne pas rentrer chez soi tous les jours." Maël en retient une expérience enrichissante. Poste qui lui permet de toucher de près à la formation des mécaniciens en prenant le rôle de pédagogue pendant les stages techniques dédiés au réseau de distribution.
En résumé, ce que Maël exploite régulièrement de ses expériences dans son rôle de formateur sont les astuces apprises avec le temps comme le font les anciens, faire attention au relationnel client surtout quand l'élève s'oriente dans une fonction de chef d'entreprise, expliquer comment fonctionne un réseau de distribution, éviter de répéter les erreurs, tout cela Maël fait en sorte de le transmettre au même niveau que l'exigence d'une formation technique.
Autre point que souligne Maël est de faire comprendre à son auditoire les exigences des motoristes dans leurs procédures, et la nécessité de faire remonter les bonnes informations.
Quel quotidien, quelles sont les responsabilités de cette profession ?
Dispenser la technique et s'assurer que tout se passe bien
"J'ai eu la chance d'occuper très tôt des postes à responsabilité qui m'ont obligé à apprendre vite pour être autonome dans différents domaines."
Le socle de base dans la fonction de formateur en mécanique est bien de dispenser des cours de mécanique et d'électromécanique, de faire évoluer les élèves, de les accompagner tout en veillant à ce que sur l'aspect humain et social tout se passe bien.
"Pendant cette période de formation professionnalisante et voire de réorientation, les élèves peuvent passer par des périodes difficiles, être à présent à leur côté est rassurant", insiste Maël, qui n'hésite pas à s'investir avec les élèves les moins solides.
"La finalité est bien de s'assurer que les acquis soient intégrés pour passer l'examen final dans de bonnes conditions, avec l'objectif de trouver un emploi et être en mesure de travailler de façon autonome, ce qui parfois est une véritable consécration pour certains élèves.
Le quotidien est aussi d'apporter du nouveau contenu technique aux élèves avec du matériel de dernière génération, de développer des partenariats avec les motoristes, ce qui me nécessite pas mal de temps et d'énergie avec l'objectif de développer une relation pérenne.
C'est aussi dégager le temps nécessaire pour préparer les formations, temps souvent pris en dehors des murs de l'INB, sur les salons lors de la présentation de nouveaux produits et s'appuyer sur des compétences spécifiques externes, telles que le moteur électrique, l'électronique ou domotique embarquée."
Le but de Maël est de ne cesser de mettre en permanence à jour son support pédagogique et d'accompagner ses élèves dans leur projet professionnel.
Quelles sont tes évolutions possibles dans le métier ?
Rester en veille technologique pour apporter un contenu de formation pertinent
S'inspirer des technologies provenant de l'automobile et de l'industrie pour les mettre en application dans le nautisme. C'est pour cela qu'une veille technique permanente est nécessaire pour apporter aux stagiaires un contenu pertinent.
De plus en plus, le mécanicien nautique occupe une fonction de technicien. Les technologies se complexifient sur les parties mécaniques, électriques, électroniques, électromécaniques. Mon poste de formateur doit accompagner ces changements pour être toujours à la pointe de ces technologies.