La baie du Mont-Saint-Michel est connue pour ses plus grandes marées d'Europe, la baie réunit une forte diversité de milieux naturels constituant ainsi la plus vaste étendue française de prés salés et de polders. Perles en son milieu le Mont-Saint-Michel et l'archipel de Chausey
Cette balade est à faire en tenant compte évidemment des distances et des marées. En vives eaux, le marnage frise les 15 mètres ! Le courant est très important et pas toujours comme on le souhaiterait, mais cela vaut le détour.
1 – Granville
Le port de plaisance du Hérel- Granville est un port moderne dont l'accès est limité par les marées. Port à flot et très accueillant, c'est le point de départ idéal pour notre petit périple.
Perchée sur son rocher, Granville forme un beau tableau avec sa Haute Ville aux maisons de granit ceinturée de remparts et ses ports de pêche et de plaisance.
Autrefois port morutier, la ville vécue pendant plusieurs siècles au rythme des campagnes de pêche. Des navires sont aussi armés pour la Grande Pêche à Terre-Neuve et Saint-Pierre-et-Miquelon ou par des corsaires pour les guerres de Courses. Ils contribueront fortement à la prospérité de la Ville du XVIe siècle au XIXe siècle.
Aujourd'hui, Granville est le premier port coquillier français. Le bulot, produit emblématique de l'Ouest Cotentin, étant le plus pêché dans la baie.
À voir, à faire
- Le point de vue en haut de la ville auquel vous accéderez en empruntant le pont-levis près du port de pêche tout en passant à côté de l'ancienne forme de radoub. Depuis le sommet de la cité, des chemins vous permettront de faire le tour de la Haute-Ville, de marcher sur les falaises du Roc et d'admirer les îles en face.
- La forme de radoub construite en blocs de granit de Chausey assemblés en queue d'aronde se présente sous l'apparence d'un long couloir de gradins se terminant par un hémicycle.
- La Haute Ville constitue le site historique de Granville : ce sont les Anglais qui sont à l'origine de sa création au XVe siècle. La construction et la reconstruction des fortifications s'étendront sur plusieurs siècles. Sur 450 mètres de long et une centaine de mètres de large s'étendent les remparts de la Haute-Ville. En faire le tour à pied est la première chose à faire quand on arrive.
- Le musée Christian Dior, qui domine la mer. Ce musée est abrité dans l'ancienne villa "les Rhumbs", maison d'enfance du célèbre couturier. Exposition « Itinéraire d'un couturier » au travers des collections du musée. Près de 100 modèles et accessoires de haute couture.
2 – Archipel de Chausey
Chausey est un archipel hors normes. Naviguer à Chausey est un privilège de marin tant cet écrin fragile est sensible. À marée basse on dénombre 365 îlots et seulement 52 à marée haute…
De Granville, la navigation ne présente pas de difficulté majeure. Il est bon de passer au Sud de la basse Videcoq et de faire route vers l'entrée du Sound de Chausey. Le phare est un excellent point de repère.
À Chausey on peut mouiller à l'embossage sur les bouées mises à disposition. Attention au courant qui parfois dépasse les 4 nœuds et qui complique un peu la manœuvre… C'est des fois plus simple d'arriver à l'étale de BM au moment où le courant est le plus faible, voire nul, le Sound étant fermé dans sa partie Nord.
Le Sound, c'est quoi ?
Ce mot tire son origine des langues nordiques. « Sund » en scandinave peut se traduire par chenal. Orienté NW/SE, long d'un ½ mille, large de 100m à 400m selon les endroits le Sound est un très bon mouillage à marée basse, mais peut s'avérer moins confortable au flot du fait du courant et de la houle qui peut y entrer.
À voir, à faire
- Les plages. L'eau est transparente, le sable blanc et fin. Même les plus réticents auront envie de se baigner ! Chausey compte six plages dont trois grandes sont dévolues à la baignade.
- La maison de Marin Marie. Peintre de Marine et navigateur, Paul Marin Durand Couppel de Saint-Front dit Marin Marie considérait Chausey comme son port d'attache. Il y acheta une maison au pied de la chapelle, la première que l'on voit quand on arrive.
- Le phare. Mis en service le 15 octobre 1847, il est situé sur la pointe sud et culmine à 39 mètres au-dessus des plus hautes mers. Le phare est inscrit aux monuments historiques depuis 2009.
- Le fort. Voulu par Napoléon III et achevé en 1866, il a abrité des prisonniers pendant la Première Guerre mondiale et une petite garnison allemande pendant la Seconde. Aujourd'hui les casemates du fort sont habitées par des familles de pêcheurs.
Balade à travers l'archipel
Pour appréhender et découvrir l'archipel et ses 365 îlots, soit un par jour pendant un an, je vous propose une première balade du Sound à Port Homard. Balade à faire en fin de montante à la fois pour avoir de l'eau pour s'échapper du Sound vers le Nord et profiter d'un début de jusant dans le chenal Beauchamps et avoir assez d'eau pour rejoindre Port Homard, mais pas trop pour voir les cailloux… Belle équation !
La sortie du Sound par le Nord ne pose pas de problème particulier, car le balisage est dense et parfaitement lisible. Néanmoins compte tenu du courant une grande vigilance s'impose ainsi qu'une parfaite connaissance des hauteurs d'eau prévues pendant la balade. Carte et GPS voire jumelles resteront à portée de main.
Du Sound à l'entrée du chenal de Beauchamps quelques cailloux à éviter…
Le chenal est beaucoup plus paisible, car plus large, en eau et bien balisé. Attention à la sortie la balise de danger isolé, La Tournioure, a perdu ses voyants ce qui la rend moins visible.
Toute cette balade vous permet de repérer un certain nombre de petits mouillages bien abrités pour les prochaines fois.
Après cela plein W vers les roches de Bretagne, au Sud de la pointe du même nom en respectant le balisage puis remontée vers Port Homard en passant entre la Grande Ile et le Petit Epail. Les fonds sont cotés entre + 2m et + 4m. En mortes-eaux ce mouillage reste à flot assez haut vers la côte.
3 – Vers le Mont-Saint-Michel
Qui n'a pas rêvé de se rendre au Mont-Saint-Michel avec son propre bateau voire d'y passer une nuit, au mouillage ? Faisable, mais pas facile !
En effet la baie du Mont-Saint-Michel est cotée entre +0 dans sa partie Nord et +12m dans sa partie Sud vers le Mont. Il faut donc des marées conséquentes pour pouvoir approcher avec au moins des PM à 13m soit des coefs de 95, sonde rapportée à Granville.
À noter que la sonde zéro se situe à 7 milles du Mont ce qui complique la navigation. Il est donc recommandé d'avoir un bateau à faible tirant d'eau voire un dériveur intégral. En partant de Chausey, faire route vers la pointe de Champeaux située à l'Est de la baie et aller vers le rocher de Tombelaine. C'est sur cette trajectoire que vous trouverez le plus d'eau. Arrivez par l'Est du Mont avec la fin du flot, naviguez, admirez et repartez avant de vous retrouver échoués. Les bancs de sable sont joueurs et se déplacent…
Pour notre part, faute de vent au départ de Chausey, nous sommes arrivés trop tard et n'avons pu malheureusement que nous approcher un peu. Partie remise, la prochaine fois on passe la nuit là-bas.
4- Le havre de Regnéville
Entre Carteret et Granville, le littoral dunaire est ponctué de 8 estuaires appelés « havres » où les petits cours d'eau viennent se jeter dans la mer. Formés au cours des millénaires par la montée des eaux et leur descente, l'érosion et l'accumulation de sable, ces havres sont plus ou moins importants. Il s'y développe des formes particulières avec une sédimentation par gravier ou sable fin et vase propices à la création des prés-salés.
Le mot havre vient du norrois (langue des Vikings) « häfn » qui peut se traduire par abri, traduit en anglais par « haven » puis « harbour », le port au sens actuel.
Ces havres sont des abris très surs contre le vent et la houle. Le havre de Regnéville est un port d'échouage depuis le moyen-âge. Il a connu son apogée au 19e siècle avec le commerce de la chaux, la pêche côtière et bien sûr les Terre-Neuvas.
Il faut arriver à PM en faisant attention aux hauteurs d'eau. L'échouage est la règle, mais sans béquille. En effet les marées sont particulières à cause des bancs de sable de l'entrée et provoquent des courants et tourbillons importants.
Pendant notre dernière balade là-bas nous étions surpris de constater qu'à PM – 5 il n'y avait toujours pas d'eau autour du bateau. Elle arrive d'un coup et en une heure vous avez les 2 à 3 mètres d'eau qui arrivent. Courant garanti ! Il est donc préférable de venir s'échouer avec des biquilles ou dériveurs.
À voir, à faire
Les fours à chaux du Rey. Ils forment un ensemble exceptionnel témoignant du passé industriel de Regnéville-sur-Mer. Construits au XIXe siècle, les quatre grands fours permettaient de fournir en chaux les pays de l'Ouest armoricain. Les fours à chaux ne resteront en activité qu'une trentaine d'années, mais ils apporteront à Regnéville une activité industrielle importante et prospère.
Article rédigé avec la précieuse complicité de Cabotage en Bretagne, page Manche-Normandie
Tous les fonds cartographiques sont issus de data.shom.fr Système géodésique : WGS84