Francis Chichester et la Transat Anglaise
Francis Chichester est un aviateur britannique passionné de records : record de vol en solo entre la Nouvelle-Zélande et l'Autralie, découvertes d'îles dans le Pacifique, tour du monde en solitaire… Des défis qui lui apportent plus ou moins de satisfaction.
Après la Seconde Guerre mondiale, il s'adonne — sur le tard — à une nouvelle passion : le nautisme. En 1960, âgé de 59 ans, il participe à la première édition de la Transat Anglaise, qu'il remportera. Quatre ans plus tard, il retente l'expérience, mais se fait voler la victoire par un petit français, étoile montante de la course au large, Éric Tabarly.
The Transat 1964
Un tour du monde en solitaire presque "sans" escale
En 1966, le navigateur britannique décide alors de se lancer dans un tour du monde en solitaire sur son ketch Gipsy Moth IV de 16 m. Certes, des tours du monde à la voile et en solitaire, il y en a eu bien d'autres avant lui — le Britannique Joshua Slocum (1895-1898), l'Argentin Vito Dumas (1942-1943) ou encore Marcel Bardiau (1950-1958) pour ne citer qu'eux — mais jamais sans escale. Chichester veut être le premier à réussir cet incroyable défi et à battre les records de traversée qu'accomplissaient les clippers à l'époque !
Il quitte l'Angleterre le 27 août 1966 et effectue son tour du monde en 274 jours (266 jours sans compter l'escale à Sydney). Son périple est largement médiatisé par le Sunday Times, journal du dimanche distribué au Royaume-Uni et en Irlande, et à son retour le 28 mai 1967, il est fait Chevalier commandeur de l'Ordre de l'Empire britannique. Il est, après Vito Dumas, le premier navigateur à avoir effectué une circumnavigation en solitaire, d'ouest en est en passant par les grands caps.
Chichester inspirera de nombreux marins, qui veulent à leur tour tenter ce tour du monde à la voile et en solitaire, mais sans aucune escale. Du jamais-vu !
Sir Robin Knox-Johnston
Le premier tour du monde en solitaire et sans escale
C'est ainsi que l'idée commença à germer dans l'esprit des fondateurs du Sunday Times. Puisqu'il y a de la demande, il faut créer une grande course ! C'est ainsi que naissait en mars 1968 The Sunday Times Golden Globe Race, à l'initiative de Chichester et du journal britannique.
Le Golden Globe Challenge s'apparente plus à un défi qu'à une course puisque les règles sont simples : prendre le départ entre le 1e juin et le 31 octobre, de n'importe quel port situé au nord du 40e parallèle, faire le tour du globe par les trois caps — Bonne Espérance, à l'extrémité sud de l'Afrique, Cap Leeuwin, au sud-ouest de l'Australie et Cap Horn au bout de la Terre de Feu — et revenir dans ce même port, sans avoir fait escale, ni reçu d'aide extérieure.
Deux prix sont en jeu, un pour celui qui réussira à boucler le parcours et un 2e pour celui qui le bouclera le plus rapidement.
Voilà comment naissait la plus grande épreuve en solitaire jamais organisée, ancêtre des grandes courses à la voile autour du monde d'aujourd'hui. La suite on la connait, sur les neuf participants – plutôt aventuriers que régatiers – un seul boucla la boucle, Robin Knox-Johnston sur son ketch le Suhaili. C'est aussi sur cette course que naquit la légende Moitessier, mais c'est une autre histoire.