La situation sur le proche Atlantique correspond finalement à cette saison automnale, avec une succession de dépressions qui viennent balayer l'Europe. Mais la particularité de cette semaine c'est ce mélange de perturbations venant pour les unes du Labrador, pour les autres des Antilles. Ainsi la dépression irlandaise qui s'est déplacée assez lentement en se dégradant, fait place à une cellule de très basses pressions qui remonte vers l'Islande en se raccrochant à un front orageux issu des Caraïbes… L'ensemble est donc très actif, très rapide et très brutal.
Les premiers à subir ce nouveau phénomène sont les monocoques Imoca les plus au large. Dès la fin de la nuit, ils ont dû repiquer vers l'Ouest pour affronter une mer forte, des vents de Sud-Ouest de trente nœuds et plus. Cette masse nuageuse va toucher les plus à l'est dès midi. Pendant quatre heures, les Imoca vont encore affronter de dures conditions. Après, ils retrouveront un flux plus organisé de secteur Ouest-Nord Ouest puissant (30-35 nœuds) avec des grains.
Mais la fin de la semaine sera moins musclée puisqu'une fois ce front passé, ils arriveront dans l'anticyclone des Açores, qui s'installe difficilement au sud-ouest de l'archipel. Il est donc important de gagner le sud au plus vite puisqu'une nouvelle perturbation est attendue jeudi au large du golfe de Gascogne.
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Adopteunskipper
Ce mercredi 28 octobre, de nombreux multicoques devraient enfin franchir le cap symbolique du Finisterre, qui marque habituellement la transition entre les deux régimes.
Chez les Ultimes, Sodebo et Macif, qui se talonnent, sont déjà dans la bulle anticyclonique et longent les côtes marocaines pour tenter de rester dans un maigre flux de Nord d'une dizaine de nœuds. Actual est à 250 milles plus au Nord et doit encore composer avec un vent d'Ouest 20 nœuds, qui l'incite à piquer vers Madère.
Les trois Multi50 encore en course n'entrevoient toujours pas de porte de sortie. Le vent d'Ouest va tourner au Sud-Ouest ce mercredi après-midi, obligeant une nouvelle fois les tandems à faire le dos rond dans trente nœuds de vent. Ce n'est qu'en soirée pour le leader Ciela Village et dans la nuit pour Arkema et FenêtréA-Prysmian, que le vent et la mer vont retrouver un visage moins ridé…
"Cela n'est pas facile surtout que nous avons encore un front à passer. Quand on voit les aventures des uns et des autres, on essaye d'être prudent, de se ménager et se relayer. Les trois jours en mer laissent des traces, mais tout va bien, on s'économise un peu, car la route est encore longue. Nous essayons de faire au mieux, d'aller assez vite en faisant attention de ne rien casser. Pour l'instant, même si parfois on accélère, nous ne sommes pas forcément à l'attaque tout le temps, on préfère en garder sous le pied" explique Thierry Bouchard sur Ciela Village.
Chez les monocoques, la route vers le sud est parsemée d'embûches. Les IMOCA les plus à l'Ouest sont retournés cap sur l'Amérique avec l'arrivée de ce front tropical, mais avant midi, ils pourront de nouveau faire route plein Sud. Groupe Quéguiner-Leucémie Espoir est toujours en tête à 450 milles dans le Nord-Est des Açores, un archipel qu'il devrait atteindre d'ici un peu plus de 24 h. Une fois atteint, la situation devrait s'améliorer, mais les concurrents en retard sur lui devront de nouveau affronter le mauvais temps. Les écarts devraient donc se creuser ces prochaines heures.
Sodebo Ultim'
Les Class40 ne subissent pas les mêmes assauts que les Imoca puisqu'ils sont décalés vers l'est. Ils ont pu réaliser une superbe parabole à l'image de Le Conservateur et de Solidaires en peloton-ARSEP qui ont ainsi débordé Bretagne-Crédit Mutuel Elite la nuit dernière. Mais eux aussi vont devoir composer avec cette succession de bascules du vent du Sud-Ouest au Nord-Ouest.
"On est content de notre classement, on est passé au nord de la dépression au ras du centre et nous avons pu redescendre et se recaler. Le vent a molli, il n'y a plus que 25 nœuds, la mer cogne moins qu'elle a cogné en début de nuit. Pour l'instant, on se concentre sur la suite du programme, il y a une grosse dépression secondaire sur notre trajectoire et nous ne savons pas encore comment nous allons réagir. Le bateau va bien, je suis juste un peu trempé, j'ai eu le malheur de faire tomber ma combinaison sèche au fond du bateau, là où il y avait de l'eau" a indiqué Yannick Bestaven (Le Conservateur) à la vacation de 5 h.