Blokart a été développé en 1999 par Paul Becket, ingénieur aéronautique néo-zélandais qui cherchait à créer un "jouet qui fonctionne avec la force du vent" amusant, rapide et compact. Un critère important pour lui était que cet appareil puisse convenir à tous les publics. Jérôme Cottet, importateur exclusif Blokart explique "Il avait envie d'un char à voile qui puisse convenir à toute sa famille, aussi bien à son fils assez costaud, qu'à sa femme toute petite ou encore à sa fille handicapée. C'est un pur néozélandais dans l'âme qui ne s'embarrasse pas avec les contraintes."
Il crée alors un char à voile monotype, démontable, petit et qui se range dans un coffre, un "serious toy". Le Blokart fait 1,50 mètre d'envergure et se conduit au guidon, à l'inverse des autres chars à voile dont la conduite se fait au pied. "Il n'y a pas de longueur de siège, ni de réglage de pieds, c'est un char à voile qui peut convenir à tout le monde."
En 2002, c'est une vraie success-story pour les Néozélandais qui se sont inspirés du concept des chars à voile du 20ème siècle. "Les chars à voile de l'époque possédaient 4 roues et un guidon. Blokart est revenu aux origines."
Blokart, leader sur le marché français
L'arrivée sur le marché français du Blokart a été un peu compliqué, comme nous l'explique Jérôme. "Il y a 12 ans, on est arrivé sur un marché conservateur avec un engin tout petit et le milieu du char à voile ne nous a pas du tout acceptés. Les gens ne connaissaient pas le Blokart et ils pensaient qu'en raison de sa petite taille, il n'était pas du tout adapté, il s'apparentait plus à un jouet."
Mais finalement, la sauce a pris puis sur les 12 dernières années, 11 000 chars à voile Blokart ont été vendus dans le monde. Le leader Seagull vend 200 à 250 chars à voile par an. "On a surpassé le leader" ajoute fièrement Jérôme.
Un char à voile ludique et facile d'utilisation
Ce succès, Jérôme nous l'explique "Le Blokart se partage avec toute la famille, c'est-à-dire qu'on peut mixer à la fois les loisirs et la famille, tout le monde peut faire le même sport. On peut également inclure les copains et se retrouver tous ensemble. C'est un char à voile qui rassemble tous les publics. Les personnes handicapées peuvent utiliser le même Blokart que les personnes valides, aucuns réglages à faire."
De plus, le Blokart est assez léger – 27 kg – et se transporte dans un sac d'1,20 m par 90 cm de large. "On peut le ranger dans un coffre de voiture, dans une soute d'avion, il est facilement transportable." Pour comparaison, un char à voile de base pèse entre 50 et 90 kg et mesure 2,50 mètres d'envergure. Il est difficilement transportable et nécessite une remorque.
Un char à voile de régates…
Devant le succès du char à voile, les Néozélandais ont commencé à écrire des règles de course afin d'organiser des événements Blokart. "Les règles sont assez simples, ils se sont exonérés de toutes contraintes, le but est de prendre du plaisir." Dès 2005, les règles indiquent qu'au départ de la course, tous les pilotes doivent être dans leur Blokart et ne doivent pas en sortir. "Ainsi, handicapés et valides peuvent concourir ensemble, tout le monde est sur le même piédestal" explique Jérôme.
En France, à Saint-Malo, Jérôme organise le 1er championnat du monde de Blokart en 2005. "Aujourd'hui, 11 500 Blokart sont des monotypes ce qui permet aux pilotes de courir à égalité" souligne Jérôme. Par la suite, 23 classes de course ont été créées : production et performance. La première est standard et le deuxième peut être amélioré avec des options.
"Le prochain championnat du monde aura lieu en 2016 dans le désert du Nevada. C'est une compétition open et tout le monde peut y participer avec un Blokart standard. Elles sont inscrites dans l'esprit néozélandais et se déroulent de manière bon enfant, avec beaucoup d'amusement, de fair-play…"
… Et de rassemblements amicaux
Pour autant, le Blokart reste avant tout un engin de loisirs "Moins de 5 % des pilotes sont intéressés par la compétition. La grande majorité des propriétaires les utilisent de manière occasionnelle. On a du mal à fédérer les pilotes. Ils sont entre 800 et 900 en France mais seulement une centaine se rassemble." Car, en effet, la facilité d'utilisation du Blokart en fait aussi un char à voile qui s'utilise seul dans son coin et pas forcément en club. "On le garde dans son garage, quand on veut en faire, on le transporte, on l'assemble en 5 minutes et on pratique. Même les enfants à partir de 6 ans peuvent pratiquer tout seul. C'est quelque chose de très accessible." Ce qui plaît beaucoup, en revanche, ce sont les "concentrations de challenge". "Les gens se retrouvent pour des balades de 15 km. Elles sont un énorme succès car ce sont des rendez-vous informels mais dans lesquels on induit une sorte de compétition car ayant tous le même, on essaye de voir celui qui aura les meilleures performances. C'est naturel."
Quand le Blokart se pratique sur les routes…
Le Blokart se pratique principalement sur les plages, principalement hors période estivale. "L'été les plages sont réglementées mais libres l'hiver." Certains pratiquent même sur les terres et d'autres ont carrément détourné l'utilisation du char à voile pour en faire un "karting à voile".
"Certains pratiquent ce sport in-land car sa conduite s'apparente au karting. Paul Becket a fait construire une piste de 60 x 20 devant l'usine Blokart pour les gens qui trouvaient trop contraignant de rouler sur le sable. En 2008, les premiers championnats du monde ont été organisés là-bas. Le Blokart se conduit un peu comme un karting, de manière agressive et les Néozélandais sont habitués à conduire sur bitume." Côté français, la pratique n'est que très peu répandue "En France, le char à voile est associé aux plages du nord et aux grands domaines. Ils n'ont pas l'habitude de rouler avec sur le bitume et ont peur du changement, c'est typiquement français."
Le Blokart pour parcourir le monde
Grâce à sa facilité de transport, le Blokart peut être emmené partout dans le monde et c'est ce qu'ont fait plusieurs aventuriers français. "Un ancien journaliste de France 3 est parti dans le désert de Gobi en Mongolie, en 2006, je suis parti au Niger pour organiser la traversée du pays, d'autres ont fait la traversée du désert d'Atacama, au Chili, des rallyes dans le désert du Nevada, deux moniteurs de chars à voile sont partis faire le tour de l'Amérique du Sud…"
L'anthropologue belge, Xavier Van der Stappen, réalise l'opération Dakar No Oil et relie Tanger à Daker en Blokart. Une équipe franco-espagnole a traversée le désert du Ténéré."Cette vidéo a fait rêver de nombreuses personnes et a suscité de nombreuses vocations."