La Route du Rhum, course qui n'a lieu que tous les quatre ans, peut s'avérer cruelle pour les skippers qui l'ont longtemps attendu et longtemps préparé, car après tout, c'est une course qui se joue à l'élimination. Les 91 skippers engagés s'en sont vite aperçus avec les nombreux déboires, voir abandons qui leur sont arrivés, à eux ou à leurs coéquipiers.
Des conditions météos difficiles
Les conditions de navigation rencontrées cette nuit au passage du front (30 nœuds moyens, 45 nœuds dans les plus fortes rafales et une mer qui s'est creusée à mesure que la flotte sortait de la Manche) ont fait des dégâts dans toutes les classes. Personne n'oubliera le départ de cette 10ème édition, encore moins les navigateurs qui subissent la fronde et qui sont fatigués, ne pouvant quasiment pas fermer l'œil de la nuit. Malheureusement, ils ne sont pas au bout de leur peine avec un régime de traîne active qui sévit derrière le front et qui prodigue des vents des vents d'ouest très irréguliers avec de fortes rafales sous grain. La mer est forte au large du golfe de Gascogne avec quatre mètres de creux qui arrivent par le trois quart avant… Enfin, la météo n'est pas la même pour tout le monde puisque les Ultimes chevauchent déjà l'onde à 70 milles de l'Espagne quand en queue de flotte on n'a pas encore enroulé la pointe Bretagne. 250 milles séparent le Maxi Solo Banque Populaire VII du dernier concurrent de la classe Rhum. Mardi soir, lorsque les Ultimes seront à Madère, les Imoca seront au large des côtes portugaises et les Class40 au cap Finisterre.
Plus que 7 Ultimes en course
Les sept Ultimes en course vont doubler le cap Finisterre vers 20 heures ce lundi. Tous naviguent vent de travers, à une allure inconfortable et risquée en multicoque. Bientôt, quand ils atteindront l'Atlantique la situation s'apaisera et ils n'auront plus qu'à se laisser glisser grâce à un solide vent de nord-ouest. Le bateau vainqueur de la dernière Route du Rhum, mené par Loïck Peyron qui a su mener sa course et sa trajectoire intelligemment, est en tête de la flotte avec presque 40 milles d'avance sur ses plus proches adversaires. Dans un vent de plus en plus favorable, Spindrift 2 est en train de passer la surmultipliée. Au pointage de 17 h 48, Yann Guichard avançait à plus de 35 nœuds.

5 avaries sérieuses chez les Multi50 et un duel au sommet
La flotte des Multi50 a subi beaucoup de déboires. Tout d'abord Loïc Féquet et Maître Jacques dont le flotteur tribord a été disloqué. Gilles Buekenhout (Nootka pour Architectes de l'urgence), safran cassé ; Hervé de Carlan (Delirium), privé d'une de ses dérives ; Erik Nigon (Vers un monde sans Sida), grand-voile explosée et Alain Delhumeau (Royan) sur démâtage. Ils ne sont donc plus que six à poursuivre leur route vers Pointe-à-Pitre et deux skippers se livrent une bataille sans nom pour prendre la tête de la course, dans leur catégorie. Yves Le Blévec (Actual) et Erwan Le Roux (FenêtréA cardinal) sont distants d'une centaine de mètres.

Un abandon, deux avaries et Macif leader chez les Imoca
François Gabart mène la course chez les Imoca et devance son plus sérieux concurrent Vincent Riou, qui a subi une avarie. Initiatives Cœur a eu son safran bâbord endommagé et Bertrand de Broc, skipper de Votre Nom Autour du Monde s'est blessé au coude, entrainant son abandon. La flotte entame sa descente vers le Golfe de Gascogne avec un écart latéral important (60 milles) entre le trio Gabart/Guillemot/Beyou à l'ouest et Burton/Di Benedetto à l'est.
La Class40 particulièrement touchée
Les skippers de la Class40 ont été particulièrement touchés et notamment un des favoris de cette 10ème édition, Nicolas Troussel (Crédit Mutuel de Bretagne), contraint d'abandonner suite à une blessure à la cheville. Thierry Bouchard (Walfo.com), s'est lui aussi blessé, mais au poignet et a été obligé d'abandonner. Dans cette classe ce sont les skippers/bateaux les plus expérimentés qui passent le mieux cette épreuve du large, à l'image de Sébastien Rogues (GDF Suez), d'Alex Pella (TALES 2 Santander 2014) et de Kito de Pavant (Otio-Bastide-Medical). La moitié de la flotte évolue dans le Golfe du Gascogne et les nombreux solitaires en escale technique sont déjà en train de reprendre la course.
Les écarts se creusent en classe Rhum
La plupart des monocoques et des petits multicoques ont eu des difficultés à déborder Ouessant si bien que seuls six solitaires sont entrés en Atlantique ce soir. Le tenant du titre, l'italien Andrea Mura (Vento di Sardegna) est toujours en tête avec 40 milles de décalage latéral sur le trimaran d'Anne Caseneuve (Aneo) plus au sud. Charlie Capelle (Acapella), après un arrêt judicieux cette nuit à Saint Quay Portrieux a repris la mer ce lundi matin. En escale : Bob Escoffier (Groupe Guisnel), Nils Boyer (Let's Go et Benjamin Hardouin (Krit'R V) ont décidé de repartir mardi à 6 h 00, tandis que Patrick Morvan (ORTIS) fait un pit stop à Camaret (bout dehors cassé).
Liste des 11 abandons
- Thomas Coville (Ultime - Sodebo Ultim') : collision avec un cargo
- Bertrand de Broc (IMOCA - Votre Nom autour du Monde) : raison médicale et problème de pilote
- Alain Delhumeau (Multi50 - Royan) : démâtage
- Loïc Fequet (Multi50 - Maître Jacques) : flotteur arraché
- Erik Nigon (Multi50 - Un monde sans sida) : grand-voile déchirée
- Gilles Buekenhout (Multi50 - Nootka Architectes de l'urgence) : safran cassé
- François Angoulvant (Class40 - Team Sabrosa SR 40MK2) : perte de la quille
- Marc Lepesqueux (Class40 - Sensation Class40) : perte de la quille
- Nicolas Troussel (Class40 - Crédit Mutuel de Bretagne) : raison médicale
- Thierry Bouchard (Class40 - Wallfo.com) : raison médicale
- Arnaud Boissières (Class40 – Du Rhum au Globe) : problèmes techniques