Océan, la voix des invisibles. Un autre discours sur la pêche


Dans "Océan, la voix des invisibles", un documentaire télévisé, Mathilde Jounot montre la face cachée de la protection du monde marin. Emprise des groupes transnationaux, financiarisation, déficit de démocratie... Un regard à contre-courant.

Où l'environnement cache la finance

Partant de l'interview de Robert Bouguéon, pêcheur breton en retraite, révolté par le discours des ONG qu'il accuse de vouloir protéger les poissons avant les hommes, Mathilde Jounot s'interroge sur les motivations réelles de ces organismes. Au cours du documentaire, la journaliste met en lumière les relations troubles entre de nombreuses associations de protection des océans et les grands groupes transnationaux.

On découvre ainsi que Marine Harvest, plus gros producteur de saumons d'élevage et donc consommateur de farines de poissons, est financeur de WWF, important soutien de la mise en place de la politique du zéro rejet. Tous les poissons pêchés doivent être rapportés au port… et transformés en farine ! Comme le rappelle Robert Bouguéon, avant on privilégiait la sélectivité des engins de pêche : "mieux vaut trier au fond que sur le pont". Qui protège le WWF, se demande la réalisatrice.

De même, on découvre que des ONG négocient en leur nom le rachat de dette des pays pauvres, en échange de la gestion de réserves marines où toute pêche est interdite. Il s'agit alors d'un placement idéal : un stock de poisson se régénère si vite qu'il offre un rendement au-delà de tous les produits financiers existants, nous disent les spécialistes interrogés.

Gouvernance des océans, un déficit de démocratie

Dans "Océan, la voix des invisibles", la réalisatrice met aussi en lumière le manque de démocratie dans la gestion des ressources maritimes. Tournées lors de la COP 21, de nombreuses images montrent l'absence du politique dans les choix. Les décisions sont guidées par les ONG, les institutions internationales et les groupes internationaux, dont aucun n'est issu d'élections. Les anciens politiques ne s'y trompent pas, à l'image de Brice Lalonde ou Maria Damanaki aujourd'hui employés d'ONG.

Face à cela les pêcheurs artisanaux veulent être entendus et organisaient pendant la COP 21 une conférence internationale allant du Kenya au Sri-Lanka, en passant par l'Alaska.

Ne remettant pas en cause les besoins de régulation de la pêche industrielle, le documentaire "Océan, la voix des invisibles", nous alerte sur les excès d'ONG aux ambitions pas toujours claires. Il est visible en replay sur la chaîne Tébéo. A chacun de se faire un avis !

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